Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
292
ÉTIENNE DOLET

nions. Calvin, nous dit Th. de Bèze, réfuta les erreurs de Gripaldi, qui fut chassé du territoire de Genève. L’accusation n’était pas tout à fait sans fondement. Je ne sais si ses opinions au sujet de l’étonnante et mystérieuse doctrine de la Trinité étaient plus ou moins intelligibles que celles de Servet ou que celles de Calvin lui-même. Ce qui est certain, c’est qu’elles n’étaient pas orthodoxes. Lorsqu’elles furent connues à Padoue, il se vit obligé de renoncer à sa chaire. Vergerio le fit venir à Tubingue, où, pendant quelque temps, il occupa une chaire de droit. Mais son persécuteur avait les bras longs. Le duc de Wurtemberg fut averti que son université servait de refuge à un hérétique et Gripaldi fut chassé de Tubingue. Alors il revint à Farges, où il offrit une généreuse hospitalité à ceux dont les lèvres ne pouvaient prononcer ni le schibboleth de Rome, ni celui de Genève. Ce fut dans sa maison que l’infortuné médecin Valentin Gentilis trouva un abri après avoir fui Genève. La patience de Calvin était à bout ; il livra Gripaldi aux autorités bernoises. Il fut accusé d’hérésie et abjura ses opinions d’antitrinitaire ; mais retombant dans ses anciennes erreurs, «il aurait été, comme le dit Bayle, tôt ou tard puni du dernier supplice, si la peste, qui l’emporta au mois de septembre 1564, ne l’eût garanti de tout procès d’hérésie ».

Quelles que fussent ses opinions spéculatives, le peu que nous savons de sa vie, nous porte à lui accorder tout à la fois notre respect et notre estime, et ces sentiments seront augmentés, si on lit sa correspondance avec Boyssone. Ses ouvrages de jurisprudence (dont la liste est donnée par Nicéron) étaient fort estimés[1].

  1. Voyez sur Gripaldi : Bayle (qui l’appelle Gribaud) ; Nicéron, XII, 235-241 ; Bock : Historia Antitrinitariorum, vol. II, p. 456-464 ; Papadopoli : Hist. Gymn. Patavini, I,252 ; Tiraboschi : Storia delia Lett., vol. VII, part. II ; Rossotti : Syllabus scriptorum Pedemontii; Sandius : Bibl. Antitrinitariorum, p. 17 ; Th. de Bèze : Vie de Calvin. Il y a un excellent article sur Gripaldi dans la Biographie universelle, où on l’appelle : Gribaldi.