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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/346

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ÉTIENNE DOLET

niques et la correction typographique de leurs livres, Dolet, plus d’une fois, s’exprima peut-être avec une sévérité injuste au sujet de l’insouciance ou de l’ignorance du vil troupeau d’imprimeurs. Dans les Commentaires[1] il dit avec beaucoup d’aigreur : « Quelle négligence, quel manque de soin montrent les imprimeurs ! Combien de fois ils sont aveuglés et mis hors d’état de travailler par la boisson ! Quels ivrognes ! Avec quelle hardiesse, quelle témérité, quelle absence complète de raison, ne font-ils pas des changements dans le texte si (chose qui se présente souvent) ils ont quelque teinture littéraire ! Si bien qu’on voit à peine un livre sortir des presses sans qu’il soit rempli de fautes. Cependant personne n’ignore qu’Alde Manuce tenait avant tout à ce que ses livres fussent imprimés avec la plus grande correction. Josse Bade et Jean Froben (tous deux morts dernièrement) prenaient soin que leurs volumes fussent dignes des savants ; et l’Allemand Sébastien Gryphius, et les Français Robert Estienne et Simon de Colines, désirent tous porter la correction typographique à son plus haut degré de perfection ! Quelle réputation n’ont-ils pas acquise par leurs admirables productions ! Cependant ils ne sont pas encore en état de faire entièrement tout ce qu’ils désirent, et d’empêcher que l’insouciance de leurs aides malhabiles et enclins à l’ivrognerie ne se manifeste, si bien que les savants ne profitent pas autant qu’on le pourrait souhaiter des soins et de la diligence fort louables des maîtres imprimeurs. Aussi (si vous trouvez quelque faute) vous ne devez pas faire peu de cas de l’attention et du jugement de ces savants typographes, mais vous devez noter et corriger avec soin toutes les erreurs que vous pourrez rencontrer. »

Il n’est pas impossible que la première partie de ce passage vise certains imprimeurs de Lyon que les contemporains devaient facilement reconnaître ; ces typographes ne devaient pas être disposés à regarder d’un œil favorable un homme

  1. I Com. Col. 266.