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CHAP. XV. — L’IMPRIMEUR

tiques à celles qui ornent plus d’un ouvrage sorti des presses de Gryphius. La ressemblance est si précise que les lettres semblent avoir été tirées avec les mêmes clichés. De plus les caractères dont se sert généralement Dolet ressemblent tant à ceux de Gryphius qu’il semble probable qu’une grande partie en ait été fournie par l’éminent imprimeur[1].

Suivant la coutume de l’époque, Dolet adopta une marque et une devise, qu’on trouve dans tous ou presque tous les ouvrages sortis de ses presses. La marque et la devise sont toutes deux allusives. La marque représente une hache de l'espèce connue alors sous le nom de doloire, tenue par une main issant d’un nuage. Au-dessous se trouve une partie de tronc d’arbre déjà à moitié fendu, et sur le point d’être complètement partagé par la hache. Cette marque est généralement entourée de la devise suivante : Scabra et impolita ad amussim dolo atque perpolio, et elle est souvent entourée d’une bordure ornée, gravée sur bois[2]. A la fin du volume cette marque presque toujours répétée, mais au lieu de la devise on trouve l’une des deux phrases suivantes : Durior est spectatœ virtutis quam incognitœ conditio, et Préserve moy o Seigneur des calomnies des hommes.

Bien que Dolet, au début de son installation et dans la suite, fut dans des termes excellents avec Sébastien Gryphius et profitât de l’expérience et des conseils de cet ami, il avait des rapports bien différents avec les autres imprimeurs de Lyon. Tout en plaçant très haut «l’art divin de l’imprimerie», et les grands prêtres de ses autels qui n’étaient pas moins remarquables par leur savoir que par leurs connaissances tech-

  1. Il n’est pas impossible qu’il ait existé pendant un certain temps une sorte d’association entre eux, comme celle qui, nous le savons, exista entre Gryphius et Tournes, quand ce dernier commença à faire des affaires pour son compte. Plusieurs livres imprimés entre 1540 et 1550, portant le nom de Gryphius, sont en réalité des impressions de Tournes ; les comptes des deux imprimeurs réglés en 1550 existent encore, ils sont cités par M. de Revilliod dans l'article dont il est question plus haut.
  2. Quelquefois les mots : scabra dolo sont imprimés sur la hache.