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CHAP. XV. — L’IMPRIMEUR

Ce fut vers la fin de 1538 que ses presses commencèrent à fonctionner, et, dans les six années suivantes, soixante-sept ouvrages au moins en sortirent ; quinze de ces livres étaient des traductions ou des traités originaux dus à la plume de l’imprimeur lui-même, pour beaucoup d’autres il fit fonction d’éditeur, et écrivit une préface, une dédicace ou une ode. Plusieurs de ces ouvrages furent réimprimés par Dolet lui-même, ce qui fait un total de plus de quatre-vingts volumes.

Le premier livre qu’il imprima est un court traité de trente-huit pages intitulé : Cato Christianus, — c’est une explication sommaire du Décalogue, du Credo, de l’Oraison Dominicale, suivie de deux odes à la Vierge qui avaient déjà paru dan volume des discours. L’ouvrage est dédié au cardinal Sadolet, et, dans la préface, l’auteur dit qu’il a été l’objet de reproches et de calomnies pour n’avoir jamais parlé de la religion dans ses livres, sujet qu’il sait être dangereux et qu’il préférerait ne pas aborder. «Je montrerai du moins», ajoute-t-il, «en publiant ce traité, que non seulement mes actions et ma manière de vivre, mais encore mes paroles attestent ma foi religieuse. »

Parmi les pièces de vers qui accompagnent ce volume d'en trouve une de Guillaume Durand, premier principal du collège de Lyon. Elle est écrite dans le même esprit que le livre :

Cessate, crepantes, invidia obtrectatores
Cessate dicere Doletum relligione
Vaccuum : et ut relligionis sit doctus doctor,
Hoc libro ab eo dicite, iniqui obtrectatores
Hoc discite libro Christiane vivere.

Dolet semble avoir souhaité tout spécialement que ce livre fit une bonne impression, et, l’année suivante, écrivant à Claude Cottereau, il dit : « Dites-moi, je vous prie, comment mon Cato Christianus a été reçu par les gens de la cour[1]

  1. Dédicace du Genethliacum.