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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/359

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CHAP. XVI. — LE GENETHLIACUM ET L’AVANT-NAISSANCE

croyons, elle est écrite par Dolet ; elle est intéressante, parce que l’auteur y passe en revue les grands poètes français de l’époque : «Lisant depuis quelque temps ung certain œuvre de Estienne Dolet, intitulé Genethliacum Claudii Doleti, filz dudict Dolet, ie me suis bien voulu exercer de le traduire de langue latine en langue françoyse. Et ce non pour ostentation de ma rithme, mais pour le proffit que chascun prendra par la traduction d’ung livre tant plein de doctrine, et prudence nécessaire à la vie commune. Et pour vray la composition latine de Dolet meritoit trop plus excellent traducteur que moy : comme pourroit estre ung Maurice Sceve (petit homme en stature, mais du tout grand en scavoir, et composition vulgaire ) ung seigneur de sainct Ambroise[1] (chef des poètes francoys) ung Heroet, dict La maison neufve (heureux illustrateur du haut sens de Platon) ung Brodeau aysné, et puisné (tous deux honneur singulier de notre langue) ung Sainct Gelais (divin esprit en toute composition) ung Salel (poëte autant excellent que peu congneu entre les vulgaires) ung Clément Marot (esmervueillable en doulceur de poêsie) ung Charles Fontaine (ieune homme de grande espérance) ung petit moyne de Vendosme[2] (scavant, et éloquent contre le naturel et coustume des moynes) ou quelques aultres, dont la France est garnie en plusieurs lieux, par la grâce que Dieu lui faict de florir maintenant en gens savants plus que tout aultre Royaulme. Ceulx la doncq debvoient estre interpreteurs de ce présent œuvre : mais si par affection honneste ie me suis advancé des premiers, pour cela ie ne puis, et ne vouldrois estre cause que si nobles esprits que les dessusdictz feussent retardés de se vouloir esbatre à la traduction par moy entreprinse. Or ie reviens à mon premier propos, lecteur

  1. Jacques Colin était abbé de Saînt-Ambroise à Bourges.
  2. C’est probablement Pasquier Le Moyne, portier ordinaire de François Ier, qui publia son poème intitulé : Le couronnement de Roy François Ier (Paris 1520) sous le nom de Le Moyne sans froc. Voyez Colonia : Hist. litt. de Lyon, II. p. 493