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CHAP. XIX. — MAROT ET RABELAIS

Parmi ces pièces se trouve une imitation de l’épigramme intitulée : In detractorem (v. IX), laquelle commence par ces vers:

Adlatres licet usque nos, et usque
Et gannitibus improbis lacessas.

Elle est adressée A Estienne Dolet ; la voici :

Tant que vouldras, jecte feu et fumée
Mesdy de moy à tort et à travers
Si n’auras-tu jamais la renommée
Que de longtemps tu cherchas par mes vers,
Et non obstant tes gros tomes divers,
Sans bruict mourras, cela est arresté :
Car quel besoing est-il, homme pervers
Que l’on te sache avoir jamais esté

[1].?

Les causes de la querelle, si querelle il y eut, nous ne les connaissons pas. Ce qui est certain, c’est que la dernière édition autorisée des œuvres de Marot, donnée par le poète quelques mois avant sa mort, ne contient pas cette épigramme, mais bien les deux odes citées plus haut ; cela semblerait montrer que les sentiments d’amitié du poète n’avaient pas

  1. Je regrette de ne pouvoir dire à quelle date et dans quelle édition cette épigramme parut pour la première fois, mais je crois que ce fut dans les Épigrammes de Clément Marot faictz à l’imitation de Martial : plus quelques aultres œuvres dudict Marot, non encres imprimées par cy-devant, Poitiers, Jeh. et Enguilbert vie Marnef frères, 1547. La Bibliothèque nationale n’a pas d’exemplaire de cette édition, et nulle part je n’ai pu en découvrir un. L’édition la plus ancienne que je connaisse dans laquelle cette épigramme figure est celle de Rouille, Lyon 1544, les deux odes à la louange de Dolet citées plus haut y sont supprimées. Il est certain que cette épigramme ne fit partie d’aucunes des éditions publiées du vivant de Marot. La dernière édition publiée (1554, à l'enseigne du Rocher) avant sa mort, qui peut passer pour avoir été revue par lui les deux odes à la louange de Dolet, mais non pas l’épigramme. J’avais espéré qu’avant la publication de mon livre, M. Guiffrey nous aurait donné les épigrammes et aurait du moins dit la date à laquelle lIn detractorem fut d'abord publié tout en nous faisant savoir si l’on a d’autre preuve que celle fournit par l'éditeur du livre pour attribuer cette pièce à Dolet. (Plus de cinq ans se sont écoulés depuis que cette note a été écrite, et M. Guiffrey n’a pas encore donné la suite de son travail).