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CHAP. XIX. — MAROT ET RABELAIS

Irritat et stomachum recreat tam odorato
Sapore. Restam grata non est reticenda.

Le volume des Carmina de Dolet, imprimé en 1538 contient trois poèmes écrits en l’honneur de Rabelais ; j’ai cité deux de ces pièces.

Le second livre de « Rabelais » (le premier de Pantagruel) avait vu le jour à la fin de l’année 1532 ; il fut réimprimé au moins douze lois dans les dix années qui suivirent. Plusieurs de ces réimpressions se firent sans l’autorisation de l’auteur qui tout d’abord garda l’anonyme. Le premier livre (Gargantua), tel que nous l’avons maintenant, parut en 1535 et il en fut publié plusieurs réimpressions dans les quelques années suivantes. Ces livres, on pouvait s’y attendre, offensèrent singulièrement la Sorbonne, et quand le nom de l’auteur commença à se répandre, il n’est pas douteux qu’une accusation d’hérésie était imminente, et que Rabelais sentait que sa vie était en danger. Le cardinal du Bellay fut absolument incapable d’arrêter ou même de calmer les violentes persécutions auxquelles l’affaire des placards avait donné lieu , et comme Rabelais n’avait nul désir d’être brûlé vif comme « harans sorets », étant de nature assez altéré[1], il résolut de se conduire à tous égards en bon catholique ; il obtint du pape la permission d’entrer dans l’abbaye de St-Maur-des-Fossés en qualité de chanoine, et voulut, autant que possible, éloigner les motifs personnels qu’avait la Sorbonne de plaindre de lui, en imprimant une édition revue et corrigée de son ouvrage, en supprimant les passages dans lesquels les docteurs de ce corps vénérable étaient tournés en ridicule. en faisant disparaître ou en modifiant ce qui dans son livre sentait l’hérésie. Comme l’ouvrage était anonyme jusque-là, il lui était possible de dire que les premières éditions n’avaient pas été autorisées et n’étaient pas correct.

  1. Rabelais, livre II. chap. V.