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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/392

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ÉTIENNE DOLET

Corona miraturque molem corporis
Tanto artificio conditi.

Au commencement de l’année 1534, le cardinal Jean du Bellay, — qui plus tard devint le plus grand protecteur de Rabelais, — avait traversé Lyon, se rendant à Rome en qualité d’ambassadeur de François Ier auprès du pape Clément VII. Il persuada Rabelais de l’accompagner en qualité de secrétaire — et ce dut être évidemment au secrétaire que Dolet fut plus tard redevable d’être présenté au cardinal, à qui il dédia son édition du De jure et privilegiis militum de son ami Claude Cottereau. Le cardinal était bien le protecteur qui convenait à Rabelais. « C’était un jeune diable, dit Michelet[1] (en 1534 toutefois il avait quarante-deux ans), plein d’esprit, pénétrant, flatteur, amusant ce bon et pieux personnage, le parrain de Gargantua... évêque de Paris, cardinal, il ne fut pas loin, dit-on, d’être pape. La chose eût été piquante. Rabelais était son évangile. »

Ce fut probablement en 1537, à son retour du second voyage que Rabelais fit à Rome avec le cardinal du Bellay, que Rabelais envoya à Dolet la recette du mystérieux Garum des anciens, sorte de sauce, dont la composition avait été inconnue jusque-là. Cet envoi était accompagné d’un court poème en vers élégiaques, c’est l’une des rares pièces de vers latins que nous ayons de Rabelais. En voici le premier distique :

Quod medici quondam tanti fecere priores Ignotum nostris en tibi mitto Garum.

Dolet répondit :

Tuo ingenio Rabelaese Garum salsamentum Ætate ab antiqua reductum est. Jam nostris Marote, versibus celebretur animosè, Quando palatum utrique nostrum tam belle

  1. Hist. de France, VIII, 383.