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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/443

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CHAP. XXII. — LE PREMIER PRÉSIDENT

au sujet des hérétiques et de l’hérésie en termes que nous ne pouvons que regretter, mais qui ne justifient pas le langage dont se servirent à son sujet Théodore de Bèze et Henri Estienne. Il n’essayait que rarement d’exercer une influence sur les opinions et les actions de son maître. C’était en de plus rares occasions encore qu’il faisait opposition au cardinal Tournon. Mais il résolut de tenter un grand effort pour sauver d’une mort cruelle l’un des premiers hommes de lettres français, avec lequel il avait été autrefois en relations d’amitié. Il n’y avait pas de temps à perdre ; on était sûr que le parlement confirmerait la sentence et que l’exécution suivrait bien vite. Il n’était pas possible de compter sur un nouveau délai. Une pétition au roi fut immédiatement rédigée par Dolet, dans laquelle il établissait le cas et les circonstances du procès, réitérait ses offres de soumission et de rétractation, disait que le parlement allait le condamner, et demandait la grâce du roi. Le document est judicieusement libellé et bien fait pour attirer la bienveillance du roi sur le prisonnier. Il fut présenté par Duchâtel, qui plaida lui-même chaudement la cause de son ami. En somme, et malgré l’opposition du cardinal, il réussit. L’affaire fut de nouveau arrêtée devant le parlement, sur l’ordre du roi le cas fut soumis au conseil privé, c’est là qu’elle fut examinée ; un rapport favorable fut adressé au roi et avant la fin de juin 1543 (François étant alors à Villers-Cotterêts) le brave évêque eut la satisfaction d’obtenir le pardon du roi en faveur du prisonnier.

Les lettres de grâce étaient explicites : l’hérétique devait faire abjuration de ses erreurs devant l’official de l’évêque de Parisi, tous les livres écrits et imprimés par lui, dont il est


    qui venait d’être nommé grand-aumonier. Ils furent reçus et invités à dîner à Saint-Germain (où le roi se trouvait alors), par son maître d'hotel, un certain Mendoza, qui les pria de ne pas porter plainte. «Ayant connu le naturel du feu roi», dit-il, «ayant jamais aimé à séjourner guère en un lieu, à grand peine aura-t-il pris le chemin du purgatoire, si non que d’aventure en passant il ait pris son vin.» Th. de Bèze. Hist. Eccl., II.