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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/444

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ÉTIENNE DOLET

question dans le procès, devaient être réduits en cendres, mais cela fait, toutes les mesures prises contre le prisonnier, appels, sentences, jugements, décrets, procès, procédure, tout était déclaré nul et non avenu ; un silence perpétuel était imposé au procureur royal ; on déclara que Dolet avait recouvré «ses bonnes fame, vie et renommée» ; ses biens, qui de par la condamnation devaient être confisqués, lui furent rendus ; le parlement eut l’ordre d’enregistrer la lettre de grâce, de permettre au prisonnier d’en jouir pleinement, et de lui rendre sur l’heure sa liberté.

Le pardon du roi n’était cependant qu’un acheminement vers la liberté pour Dolet. Le parlement était toujours prêt à faire naître des obstacles avant d’enregistrer un édit royal, et (comme cela arriva pour le décret qui ordonnait la suppression de l’imprimerie) une forte et judicieuse opposition bien soutenue par une influence personnelle faisait assez souvent suspendre ou même modifier les lettres royales. Le parlement avait à sa tête un violent et dévot adversaire de la réforme religieuse et du progrès intellectuel, et parmi ses principaux membres il y en avait beaucoup qui, s’ils ne dépassaient pas le premier président en ignorance et en stupidité, le valaient bien par la haine que leur inspiraient les réformateurs et les hommes de lettres. Dans un corps qui, outre Pierre Lizet comme président, avait François de Saint-André comme président à mortier, et Gilles Maistre comme avocat général, il n’était pas difficile de trouver des prétextes pour refuser d’enregistrer le pardon ou de ne pas rendre la liberté au prisonnier.

On se souviendra que, à cause de quelque erreur faite par Dolet ou par ceux qui le conseillaient, le pardon du roi, qui lui avait été accordé pour le meurtre de Guillot dit Compaing, n’avait pas été enregistré, et que Dolet n’avait été rendu à la liberté par le lieutenant gouverneur de Lyon qu’en donnant caution qu’il se mettrait à la disposition de la justice à toute réquisition. Aussi quand, le 19 juillet, le prisonnier parut à la