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CHAP. XXIII. — LE SECOND ENFER

avait rien de gasté ou perdu. Mes thresors sont non or ou argent, pierreries et telles choses caducqes, et de peu de durée : mais les efforts de mon esprit tant en latin qu’en vostre langue françoyse : thresors de trop plus grand’ conséquence, que les richesses terriennes. Et pour ceste cause je les ay en singulière reccommendation. Car ce sont ceulx qui me feront vivre après ma mort : et qui donneront tesmoignage que je n’ay vescu en ce monde comme personne ocieuse et inutile. Revoyant donc mes dicts thresors, je trouvay de fortune deux dialogues de Platon, par moy aultresfoys traduicts, et mys au net, et pour ce, que j’avois résolu, et conclud en moy, de mettre en lumière certaines compositions par moy faictes sur la justification de mon second emprisonnement, il m’a semble bon d’y adjouster lesdicts Dialogues : veu que la matière de l’ung n’y convient pas mal (c’est asçavoir des misères de la vie humaine), et l’aultre est pour vous signifier que j’ay commencé, et suys ja bien avant en la traduction de toutes les œuvres de Platon. De sorte, que soit en vostre Royaulme, ou ailleurs (puisque sans cause on me dechasse de France) je vous puis promettre qu’avec l’ayde de Dieu je vous rendray dedans ung an révolu tout Platon traduict en vostre langue. Bien est vray que si je n’aymois uniquement le bien et honneur de ma patrie, je ne me mettrois en telz et si excessifs labeurs. Mais encore qu’elle soit ingrate en mon endroict (je la dy ingrate, veu que les administrateurs d’ycelle taschent de me fascher, et m’en dejecter sans aulcun forfaict) je ne laisseray pour cela de l’enrichir, et illustrer en tout ce qu’il me sera possible. Il est en vous, Syre, de mettre fin en ces miennes fascheries : et par vostre doulceur et clémence me donner cueur encores plus grand de poursuyvre, et mettre en effect mes bonnes entreprinses quand au faict des lettres, tant latines que françoyses. Et de ce faire je vous requiers et supplie très humblement.»

Le volume que Dolet fit imprimer à Lyon, contenant le 5econd Enfer et les deux dialogues (Axiochus, alors fausse-