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CHAP. XXV. — OPINIONS ET CARACTÈRE

la vie de l’âme, ils ont déclaré qu’elle ne diffère nullement, celle des chiens et des pourceaux.» Du Verdier, quelques années après, dit que Dolet fut «convaincu d’acte d’athéisme[1]», et Dupreau (Prateolus) le fait figurer dans sa liste des athées en compagnie de Diagoras, de Pline, de Lucien et de Lucrèce.

Nous avons vu que le bruit courait dès 1535 que Dolet était matérialiste et niait l’immortalité de l’âme. Dans la lettre d’Odonus à Gilbert Cousin, écrite cette année-là, Dolet est classé parmi les athées, on lui reproche sa conduite irréligieuse et il est traité d'impius, sine deo, sine fide, sine religione ulla. Dans une des premières pages du premier volume des Commentaires, Dolet nous dit que les Toulousains l’avaient calomnié auprès du roi au sujet de la religion, et il semble faire comprendre que ce fut à l’occasion du voyage du roi à Toulouse (août 1533) que cette dénonciation fut faite. Nous avons peine à croire qu’il en fut ainsi, cependant nous voyons que Dolet se défendait de ces attaques et que de fort bonne heure son orthodoxie fut mise en doute. Ces accusations furent formulées dans un livre imprimé par Floridus Sabinus en 1539, et sans nul doute considérées généralement comme vraies. Elles se fondaient probablement plutôt sur la conversation que sur les ouvrages de Dolet, puisque la teneur générale de ses écrits ne les vérifie pas, encore qu’il ne manque pas de passages, dans les Carmina comme dans les Commentaires, qui devaient certainement fournir des preuves corroboratives à ceux qui désiraient ajouter foi à la rumeur publique.

Dans ses Horœ Succissivœ, Floridus dit que Dolet était l’un de ceux qui niaient l’immortalité de l’âme et plaçaient le plus grand bien dans les plaisirs charnels[2]. A quoi Dolet

  1. Prosopographie, 4°. Lugduni 1672, p. 3o3 (par erreur cette page porte 41031 Tout ce qui se rapporte à Dolet, compris le portrait, a été omis dans l'édition subséquente de la Prosopographie.
  2. «Qui inquam unicus Aristippî germanus mortalem esse ac summum bonum in corporis voluptate consistere non Jubitat». Lib. III, c. 4.