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CHAP. XXV. — OPINIONS ET CARACTÈRE

Dans l’exemplaire des Francisci Valesii Fata de Dolet qui se trouve à la Bibliothèque nationale, on lit les vers suivants écrits d’une écriture contemporaine et signés Binctus[1].

.«Qui modo Francisci descripsit Fata Doletus,
Non sua prospexit fata futura miser ;
Debuit insequier Christium, nec vivere fato
Atheus, et rapidis inde perire focis.»

.

Gigas commence une de ces épigrammes par ce vers :

«Nate Dei verbum videre dolende Dolete.»

.

Toutefois si nous examinons les œuvres de Dolet, il est clair que dans ses livres non seulement rien ne peut justifier l’appellation d’athée, mais que tout nous porte à conclure que Dolet était théiste sincère, et qu’il reconnaissait un être divin, créateur et maître du monde. Si toutefois nous désirons arriver à quelque chose de plus précis, de grandes difficultés surgissent et les livres de notre auteur nous offrent quelques contradictions. Les aveux qu’il se plaît à nous faire de son orthodoxie et ses vers à la Vierge ne sont pas entièrement concluants. Le lecteur n’est pas frappé par leur accent de sincérité, il se rend compte qu’il s’agit plutôt d’une question de forme que d’une ferme croyance. Dans le second volume de ses Commentaires, au mot anima, après avoir donné quelques explications de ce vocable et quelques exemples de son emploi par Cicéron, il ajoute : «Outre cette signification, anima est employé pour exprimer une certaine force céleste par laquelle nous vivons, nous nous mouvons, et nous sommes des êtres

  1. C'était évidemment Jehan Binet, ne à Beauvais et nommé professeur au Collège de Guyenne en novembre 1533. Voyez Britanni Epistolæ, passim, et Gaullieur : Histoire du Collège de Guyenne, p. 54. 118. Le fac-similé de l'autographe donné par M. Gaullieur (p. 60) est identique à la signature (Binctus) de l’exemplaire de la Bibliothèque Nationale.