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ÉTIENNE DOLET

raisonnables. Quelques-uns, à la vérité, attribuent cette force au sang et d’autres à d’autres parties du corps ; les uns croient qu’elle est mortelle et qu’elle s’éteint en même temps que le corps, mais d’autres ont assuré qu’elle est immortelle, croyant qu’après la destruction du corps, suivant que la vie de l’homme a été bonne et pure, ou mauvaise, l’âme monte au ciel ou descend en enfer. Ces opinions concernant la mortalité et l’immortalité de l’âme aussi bien que les différents jugements des hommes au sujet de la religion et leurs différentes doctrines sur le culte de Dieu ont été discutés par moi dans les livres intitulés De opinione que je lègue à la postérité, afin qu’elle puisse voir que j’ai passé ma vie comme il convient à un homme de la passer et que je n’ai pas perdu mon temps en me consacrant d’une façon regrettable à des bagatelles. »

Au sujet de l’immortalité de l’âme cependant il n’est pas douteux que Dolet exprime ses sentiments vrais quand il dit dans sa réponse à Sabinus, et dans plusieurs de ses poèmes et autres ouvrages, notamment dans l’Avant-Naissance, qu’il est impie de la nier. Toutefois il semble avoir eu de grands doutes, comme en ont tous ceux qui n’acceptent pas comme irréfutables et définitifs les dogmes de l’Église et les doctrines du Nouveau Testament au sujet du sens à donner au mot immortalité. Tout en employant parfois un langage qui implique qu’il acceptait l’immortalité de l’âme dans le sens orthodoxe et ordinaire de ces mots, nous voyons par d’autres expressions qu’il se demandait si l’âme de chaque individu avait une existence indépendante après la mort, ou si elle était absorbée dans le créateur ou dans l’âme de l’univers. Dans ses premiers poèmes en effet et particulièrement dans son ode à la mémoire de Simon Villanovanus[1], il semble douter que l’on ait conscience de quelque chose après la mort, et dans un poème fort triste qui se trouve dans le même

  1. Voyez plus haut, p. 32.