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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/493

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CHAP. XXV. — OPINIONS ET CARACTÈRE

plus profond de son cœur n’était qu’une immortalité métaphorique pareille à celle dont parle Horace :

Non omnis moriar, multaque pars mei
Vitabit Libitinam.

Il croyait que ce qu’il avait écrit vivrait et que ce qu’il y avait de meilleur en lui serait transmis aux futurs ; c'est ainsi qu’il devait être immortel, et souvent quand il parle de l’immortalité, il n’a pas d’autre idée en vue. Parfois cependant il se demande si le bonheur éternel ne consiste pas en une passivité éternelle, et en somme si le Nirvana n'est pas le bien suprême. Toutefois il subit d’autres impressions et alors il pourrait nous faire supposer qu’il croyait à l’existence réelle de l’âme individuelle après la mort et à la Providence qui régit le monde.

Pour croire à l’immortalité de l’âme on peut, en thèse générale, se fonder sur l’une de ces trois choses : l’autorité de l’Église, l’autorité du Nouveau Testament et les déductions du raisonnement ; mais ceux qui rejettent les deux premières sont rarement disposés à accepter la dernière pour motiver leur croyance, à moins toutefois qu’ils ne veuillent déclarer qu’ils n’ont qu’un vague espoir. Pour tout homme pensant il doit y avoir des difficultés excessives (je ne dis pas insurmontables) pour reconnaître que la voix de l’Église a toute autorité en pareille matière. Naïvement illogiques, les réformateurs ont repoussé l’autorité de l’Église, et cependant, désireux de maintenir les croyances, tout en revenant à une foi plus simple et à une pratique plus pure, ils ont inventé une théorie ingénieuse quoique illogique, qui depuis a trouvé symbole dans le cri populaire des protestants : la Bible et la Bible seulement, schibboleth qui pour ceux qui n’y ont été accoutumés dès l’enfance peut paraître difficile à prononcer. Il n’est pas aisé de comprendre sur quels fondements, si ce n’est sur l’autorité de L’Église, on établit le canon de l’Écriture