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CHAPITRE IX.

pagnies italiennes pour le service de Sa Majesté, il devait aider Joyeuse à battre Henri IV au commencement de l’année 1587, et plein d’une ardeur toute chevaleresque, mettre pied à terre, prendre une pique et enlever de sa personne une barricade au combat de la Motte Saint-Esloy. Victime d’un attentat mystérieux, il succombait à la fleur de l’âge, en 1589, assassiné dans une église au pays du Maine, laissant une jeune femme et deux petits enfants.

Le gouvernement de Dourdan fut encore confié par le roi à un membre de la famille de l’Hospital. L’aîné, Jean, comte de Choisy, gouverneur en 1567, avait alors rendu la ville aux huguenots. Cette fois, ce fut le tour du représentant de la plus jeune branche, Louis Gallucio de l’Hospital, marquis de Vitry, fils de François de l’Hospital Vitry. Il avait été gentilhomme du duc d’Alençon, et sous le règne suivant il devait jouer un rôle important par ses fidèles services et sa haute faveur.

Marchons avec les événements, et d’abord cherchons, en quelques lignes, à préciser la situation.

François de Guise, en mourant, avait laissé un fils encore plus ambitieux que lui, Henri, le Balafré ; Charles IX, en succombant à ses débauches et à ses remords, avait légué à Henri III, son frère, la France plus déchirée que jamais par la guerre civile et religieuse. Henri de Guise crut faire un coup d’Etat en suscitant, contre le prétendant calviniste Henri de Navarre, la ligue des catholiques dont il espérait devenir le roi ; Henri III crut faire un coup d’adresse en se déclarant le chef de la ligue, pour ôter la première place au duc de Guise. Tous deux se trompèrent.

De 1575 à 1587, il se passa à peine une année sans qu’il y eût une guerre ou un traité. En 1587, chaque parti fit un effort énergique, car le dénoûment approchait. La santé du roi était mauvaise, le duc voulut se servir des derniers jours de royauté qui restaient à Henri III pour accabler le futur <span id="Henri IV 86" title="Ancre:Henri IV 86" class="HighlightedAnchor">Henri IV. La ligue redoubla de fureurs ; les protestants d’Allemagne envoyèrent une puissante armée au secours de leurs frères de France. Le roi chargea le duc de Guise d’arrêter l’étranger avec quelques soldats, et Joyeuse, son favori, d’arrêter Henri de Navarre. Il comptait que les Allemands le débarrasseraient du Guise, et Joyeuse du Béarnais. Le contraire arriva : Joyeuse fut vaincu et tué à Coutras, et Guise dispersa les reîtres à Auneau. Le roi était deux fois battu.

Voilà le drame, voilà la scène ; voyons le rôle qu’y joua Dourdan : son nom est inséparable de celui d’Auneau dans les récits de la fameuse défaite des reîtres[1].

  1. Nous avertissons le lecteur que tout ce qui suit est une scrupuleuse analyse des documents contemporains et des narrations des témoins oculaires. — Voir, sur ce sujet, les opuscule divers classés à la page 316 du premier volume du catalogue de l’histoire de France de la Bibl. Impér. Lb 34, nos 385 et suivants, et particulièrement le « Discours ample et très véritable contenant les plus mémorables faitz avenuz en