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DOURDAN SOUS LES GUISES.

Les reîtres, forts d’environ six mille chevaux et quatre mille hommes de pied, s’étaient jetés sur la Beauce, pays plat favorable à leurs chevauchées, contrée fertile qui leur fournissait des vivres en abondance.

L’armée du roi, le roi lui-même, étaient venus camper non loin d’eux à Étampes, dès le mois de septembre 1587 ; mais le duc de Guise les serrait encore de plus près, et choisit Dourdan pour centre de ses opérations. Dourdan était d’ailleurs une place dévouée à sa famille, la seigneurie de sa mère, et les habitants, dès le principe, s’étaient déclarés pour la ligue et signés de la croix de Lorraine. Le jeudi 19 novembre, le sieur de La Chastre[1], ayant battu le pays et reconnu que les ennemis étaient divisés par colonnes, vint le premier, laissant le duc de Guise à Étampes, s’installer à Dourdan avec trois cents lances et six cents arquebusiers à cheval. En arrivant, il apprit que les reîtres se rendaient à Auneau avec leur chef, le baron d’Othna, quittant Authon où ils avaient logé, et laissant à Orsonville, à deux lieues de Dourdan, sept cornettes des leurs pour les couvrir. Le sieur de La Chastre trouva Dourdan un lieu « très-hasardeux pour en estre les forces ennemies fort proches et resserrées en pays ouvert et large, » mais en même temps il reconnut que « la ville estoit couverte du costé d’Aulneau de quelques bois taillis qui approchent iusques au prez de la ville, et y passe un petit ruisseau que l’on peult saulter, qui coule le long d’une vallée fort plantée de peupliers, aulnes, saules et autres arbres désirans les marests, qui se rendent iusques vers d’Olinville et Chastres[2] sous Montlhéry, » ressource commode pour la retraite des fantassins en cas de besoin. Prenant ses quartiers dans le château et dans la ville, il fit poster dès le soir même, sous les ordres du sieur de Vins, la cavalerie légère et les arquebusiers à cheval, à une lieue et demie en avant sur le chemin d’Auneau. Une première rencontre avec les reîtres décida ceux-ci à déloger d’Orsonville vers minuit.

Cependant, le baron d’Othna s’était présenté devant Auneau, gros bourg, mal clos de murailles, mais défendu par un assez fort château que protége un long étang. Un gascon, le capitaine Chollard, y commandait pour le roi. Les reîtres, reçus à coups d’arquebuse, ne tentèrent rien contre le château, mais se campèrent dans le bourg. Sur ces entrefaites et dans cette même nuit du jeudi 19, le sr de La Chastre dépêcha de Dour-

    l’année mil cinq cens quatre vingt et sept, tant en l’armée commandée par Monsieur le duc de Guyse, qu’en celle des huguenotz, conduite par le duc de Bouillon, envoyé par un gentil homme François à la Royne d’Angleterre. » (In-8o de 150 p. Biblioth. Impér. Lb 34, no 416.) Ce gentilhomme français n’est autre que Cl. de la Chastre, un des héros de la campagne.

  1. Claude de La Chastre, gouverneur du Berry, était maréchal de camp dans l’armée du duc de Guise. Il était de l’ancienne famille d’Esbe, baron de La Chastre, qui, jadis, fut pris dans une croisade par les infidèles avec son fils, et fut obligé, pour payer sa rançon, de vendre sa baronnie, ce qui appauvrit toute sa race.
  2. Arpajon.