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DOURDAN SOUS LES GUISES.

jour se passa en conseil de guerre. Le château de Dourdan vit ce soir-là réunie dans ses murs une noble et brillante assemblée, la fleur de la jeunesse française et toute cette cour de gentilshommes catholiques serrés autour du duc de Guise comme autour d’un drapeau. Nous savons leurs noms et nous pouvons d’ici décrire les groupes animés qu’ils formaient autour du chef illustre dont ils partageaient ou combattaient alors les audacieux projets.

Nous reconnaissons d’abord aux côtés du duc de Guise, qui ne cesse de l’interroger, notre concitoyen Jehan de Lescornay. Le duc l’a vu souvent chez la reine-mère et est fort heureux de le retrouver ici pour prendre sur la topographie du pays les renseignements d’un habitant intelligent de la contrée. De Lescornay connaît les environs d’Auneau aussi bien que ceux de Dourdan, puisqu’il a sa maison du Mont dans la paroisse d’Aunay. Avec eux est Claude de la Chastre maréchal général de camp, et l’alter ego du duc.

Parmi les plus ardents sont les jeunes officiers de la cavalerie légère, ces coureurs toujours les premiers à l’action : M. de Vins, leur commandant, réputé le plus avisé des capitaines ; le comte de Chaligny, le chevalier d’Aumale, et le seigneur de Conflans, messieurs de Randan et de Boisdaulphin, chefs de deux compagnies d’élite, et le sieur de Fontenilles, qui vient de sa garnison de Cambrai ; monseigneur d’Elbeuf, qui mène l’avant-garde ; M. de Tieuges commandant la compagnie de monseigneur de Mayenne ; M. du Monestier, commandant celle de monseigneur de Nemours ; et Henry Monsieur, fils aîné de monseigneur de Mayenne ; qui tous trois suivent la cornette de monseigneur d’Elbœuf.

Autour du marquis de Chaussin et du prince de Joinville, qui ont l’honneur de défendre la cornette blanche, se serrent bon nombre de capitaines et gentilshommes volontaires, qui tous font paraître un extrême et singulier désir de se bien employer en cette occasion : M. le baron de Senessey, qui marche au centre avec les gendarmes de monseigneur de Guise, et les comtes de Servy et de Montenay.

Plus prudents paraissent messieurs de Luxembourg et de Brissac, auxquels on confie l’arrière-garde ; messieurs de Montcoquier, de Villiers, de Villebouche et de Tholome, gentilshommes expérimentés qui ont la surveillance des marches et des manœuvres. Quant aux officiers d’infanterie, le seigneur de Saint-Paul, le sieur de Ponsenac qui conduit le régiment de Sacromore, messieurs de Birague, de Joannes, de Buc et de Gié, ils sont, malgré leur bravoure personnelle, préoccupés de leurs hommes qu’il s’agit d’exposer à découvert, avec quatre grandes lieues de retraite à faire à pied en cas d’insuccès. Ils remontrent vivement au duc la témérité de l’entreprise contre un ennemi prévenu et sur ses gardes. Mais le duc croit à son étoile, il a des raisons politiques d’en finir, il impose sa volonté. Toute la journée du lendemain sera consacrée aux