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CHAPITRE IX.

dan à Chollard le capitaine Saint-Étienne pour l’admonester de faire bon service au roi et de donner entrée dans sa place à M. de Guise et à l’armée. En même temps il expédiait à Étampes un gentilhomme vers M. de Guise pour lui donner avis de cette situation hasardeuse et l’engager à venir, le lendemain matin vendredi, d’Étampes à Dourdan avec ses troupes, lui promettant pour l’heure de midi la réponse de Saint-Étienne, et lui faisant entrevoir la possibilité d’une marche immédiate sur l’ennemi. Le lendemain, à l’heure dite, le duc de Guise faisait son entrée à Dourdan, entouré de ses officiers, avec deux mille cinq cents arquebusiers, cinq cents corselets et mille à douze cents chevaux, sans aucun bagage, pas même le sien. Saint-Étienne n’était pas arrivé. Le duc de Guise prit son repas, les soldats restèrent sous les armes jusqu’à une heure. Prévoyant un plus long retard, on s’occupa de loger les troupes ; la cavalerie fut envoyée dans les fermes et villages les plus proches, l’infanterie installée dans les maisons des faubourgs. Saint-Étienne n’arriva qu’à huit heures du soir, ayant eu grand’ peine à traverser les lignes des reîtres. Il répondait de Chollard : mais la soirée était trop avancée pour rien tenter ce jour-là. On fit partir sur-le-champ deux gentilshommes du pays, MM. de Buc et le Bays, pour annoncer à Chollard la marche du lendemain.

Le samedi soir le rendez-vous était donné à toutes les compagnies, cavaliers et fantassins, à une ferme ou cense à mi-chemin de Dourdan à Auneau, appelée la cense de Villère, au-dessus de Corbreuse, au milieu de la plaine, devant un orme qui portait encore en 1624 le nom d’Orme du rendez-vous. Chacun s’y trouva à point et « délibéra de bien faire. » L’infanterie, quoiqu’il fît très-froid, se dépouilla ; les piquiers mirent leurs chemises sur leurs corselets et les arquebusiers sur leurs pourpoints. Une mauvaise nouvelle dérangea tout. Un paysan vint dire que son compagnon, porteur d’une lettre pour Chollard, avait été arrêté et que les reîtres avertis montaient à cheval.

Le duc de Guise, contrarié, renvoya l’infanterie à Dourdan, et disposant sa cavalerie en trois embuscades[1], dépêcha en avant le sieur de Vins, avec soixante chevaux, pour reconnaître le chemin d’Auneau. Celui-ci se trouva face à face au point du jour avec quatre cents reîtres et, se repliant, les entraîna dans une des embuscades. L’ennemi perdit dans cette rencontre une compagnie de ses hommes d’élite et ses plus nobles officiers.

On était au dimanche, les soldats étaient las et les chevaux harassés. On laissa les reîtres enterrer leurs morts, et tout le monde revint se reposer à Dourdan. Le duc de Guise assista aux offices et le reste du

  1. M. de La Chastre avec trois cents lances dans la ferme, le duc de Guise avec six cents au Bréau-Sans-Nappe, et M. d’Elbœuf avec deux cents chevaux à mille pas de là.