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DOURDAN SOUS HENRI IV.

la résistance étaient toujours plus ou moins en butte à la défiance du parti nouveau. Dourdan s’était signalé comme ville catholique et éminemment rebelle au gouvernement d’un prince hérétique. Même après l’abjuration de Henri IV (juillet 1593), ce fut une défaveur et un souvenir difficile à faire effacer. Beaucoup de gentilshommes du pays qui avaient été de très-zélés ligueurs durent prendre des lettres d’abolition ; entre autres le lieutenant général du bailliage, le sieur Boudon, qui avait soutenu de tout son pouvoir le capitaine Jacques[1]. Bien entendu, au contraire, ceux qui s’étaient abstenus par prudence, ceux surtout qui avaient manifesté des opinions favorables au prétendant, ne manquèrent pas de s’en faire un mérite et de demander des attestations et des certificats de leur bonne conduite.

Au premier rang, nous trouvons Jehan de Lescornay, sieur du Mont. Dès 1592, comme la guerre civile n’est pas finie et que les représailles de la Ligue sont encore à craindre, il obtient, en considération « de sa fidélité et bons services, » que tous ses biens, sa maison de Dourdan, celle du Gravier près Dourdan, celle du Mont à Aunay, soient mis sous la sauvegarde du roi, avec promesse de n’être inquiété par aucun logement de troupes ni subside de guerre. Aussi Jehan de Lescornay est-il conservé comme président en l’élection de Dourdan, et, pour qu’il ne reste aucun soupçon sur son passé, un certificat en bonne forme lui est délivré le 28 janvier 1593 par M. de Sainte-Colombe, maréchal des logis de M. de Sourdis. Cet officier, qui a pris part au siége de Dourdan atteste que ledit de Lescornay « est et a toujours esté ton serviteur du roi ; » que lui-même l’a vu réfugié, lors du siége, dans le château de Brétencourt, appartenant à M. le chancelier Huraut de Cheverny ; qu’il a même entendu dire au capitaine Jacques, alors qu’il le conduisait en lieu sûr, après sa reddition, que « si de Lescornay tomboit jamais entre ses mains, il le chastiroit bien pour ce que de Lescornay luy avoit touiours esté contraire et que c’estoit ung vray royaliste[2]. »

Ce n’était pas un mince privilége alors d’être exempté des subsides de guerre et des logements de troupes. Pour les habitants, cet impôt était une lourde charge, et, durant les années 1595 et 1596, une de leurs grandes préoccupations paraît avoir été de faire alléger à tout prix le fardeau. Présents à leur gouverneur, M. de Garantières ; présents en argent ou en nature aux officiers de régiments ; messages à Paris pour obtenir la protection de Mme de Nemours, qui s’intéresse toujours à Dourdan, rien n’est négligé ; et comme la caisse municipale est à sec et que M. le premier marguillier Hector le Febure est en même temps receveur des tailles en

  1. M. P.-V. Roger, lieutenant général au xviiie siècle, dit, dans une note qu’il a laissée, avoir vu ces lettres d’abolition.
  2. Nous avons eu entre les mains les originaux de ces deux pièces, signées l’une Henry, l’autre Saincte-Coulombe, et conservées parmi les papiers de famille de M. Roger.