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CHAPITRE X.

cinquante sols, mais presque aussitôt, le 12 janvier 1597, ce gentilhomme fit un contrat au profit de Nicolas de Harlay de Sancy, par lequel il déclarait « que ce auroit esté ledict sieur de Sancy qui auroit païé et fourny le prix de ladicte terre[1], » et que, par conséquent, c’était lui le véritable acquéreur.

Nous trouvons, dans cette substitution, la trace d’un de ces marchés que le célèbre surintendant faisait alors avec les Suisses. Il avait su, pendant deux règnes, les retenir au service de la France, et exerçait sur eux la plus complète influence.

Il est curieux de savoir au juste en quoi consistait alors la seigneurie de Dourdan. Nous le lisons dans le procès-verbal de mise en possession du 13 mars 1597 :

« La terre et seigneurie de Dourdan, domaine et revenus d’icelle, ses appartenances et deppendances consistant en chastel, maisons, manoirs, bailliage, prevosté, justice, seigneurie, cens, rentes, exploicts, admendes, sceaulx, escriptures, minage, mesurage, droits de hallage, estaulx, foires, prez, pasturages, herbages, estancs, rachapts, reliefs, profficts des fiefs, lots, ventes, saisines et amendes, ventes ordinaires de bois taillis, garennes, pessons, pannages, admendes et confiscation, eaulx et forests, et aultres reuenus en deniers et grains tant muables qu’immuables ; nomination des officiers ordinaires, fors et excepté de ceulx des forests, à la charge que la justice sera rendue tant soubs le nom de Sa Majesté, que soubs celuy de l’acque’reur par engagement, auquel toultefois les profficts et esmollumens d’icelle justice appartiendront, et sans aucune chose réservée et retenue, fors les bois de haulte fustaie, offices extraordinaires et ceulx cy-devant vendus et engagés à faculté de rachapt, à la charge de païer les charges, gaiges, fiefs et aumosnes, ventes et aultres redebuances »[2].

Ce procès-verbal de mise en possession, qui est en même temps celui de visitation, nous donne de précieux détails sur l’état du château de Dourdan, en 1597 ; il nous le montre tel que de Harlay de Sancy l’a trouvé, six ans après le terrible siége dont toutes les traces subsistaient encore et n’ont jamais pu être effacées.

Pierre Boudon, le lieutenant général du bailliage, accompagné du procureur du roi et de maître Claude Gonnet, procureur de M. de Sancy, assisté de Jehan Le Roy et Louis Gerbin, « maistres massons, » et de Michel du Brun et Jehan Granvau, « maistres charpentiers, » dûment assermentés, se présente, le 13 mars, devant le château, pour « faire la visitation de l’estat des lieulx. »

Le résultat est lamentable. Le bâtiment de la grange, à droite en entrant, n’est plus qu’un bastion comblé de terre, pour amortir le choc des boulets de l’attaque. Les divers « corps d’hostel » qui environnent la cour sont criblés par les boulets, et les toitures rompues, les charpentes brisées sont pendantes ou effondrées. Les tours de l’enceinte sont

  1. Archives de l’Empire Q, 1514.
  2. Archives de l’Empire Q, 1514.