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DOURDAN SOUS HENRI IV.

découronnées ou fendues. Il ne reste qu’un pan de la chapelle ; et le donjon lui-même a son faîte écorché et sa casemate forcée.

Du reste, pour ne pas interrompre notre récit, nous ne suivrons point nos experts dans cet examen des lieux. Nous y reviendrons avec eux, dans le chapitre que nous consacrons spécialement à la description du château. Nous les accompagnerons rapidement dans leurs autres visites aux divers endroits dépendant du domaine de Dourdan.

Aux halles, la charpenterie, qui est fort belle, est demeurée « bonne et vallable. » Il y a bien cinq ou six poutres « couppées de coups de canon, mais qui néantmoings ne laissent de porter leurs charges. » La couverture a plus souffert et se trouve percée en plusieurs endroits. Quelques marches et gardes-fous manquent au grand escalier de grès qui conduit « en l’audithoire du siége roïal, » mais la chambre du barreau a été remise à neuf, enduite et recarrelée, et bien « garnie de bancs, chaizes et perches d’appuy des procureurs et bureau. » La justice s’y rend, mais la chambre du conseil est à refaire. Sous la halle, le commerce a repris sa place, mais faiblement encore. La grande allée du milieu est seule garnie d’étaux de boucherie et divers métiers, mais les trois autres allées sont vides, et on n’y voit que huit places occupées en partie par des poissonniers.

Du Moullin du Roy, où nous ne les accompagnerons pas, monsieur le lieutenant général et ses assesseurs se rendent au grand estang, situé à l’ouest de la ville, près du Petit Huis. « Vuide d’eau tant qu’à présent et en prairie, » le grand étang ne nous apparaît que comme un bassin à sec, avec « sa chaussée et contrescarpe faicte de gresserie picquée, de la longueur de quatre-vingtz six thoises et de neuf à dix piedz de haulteur, » sa bonde, au milieu de la chaussée, « faicte en vouste de gresserie picquée, de largeur de trois pieds et de haulteur de neuf toises, » et à la queue dudit étang, le gril et le glacis de pierres de taille « par où renversent les eaux. »

A l’estang de la Muette, sur le chemin des Granges, il n’y a plus qu’une simple chaussée de terre et une « bonde en charpenterie. » Quant à l’estang de Gauldrée, sa chaussée est coupée ; il est « empesché, comme à vuide et de nulle valleur[1]. »

Mis en possession de Dourdan, de Harlay de Sancy paraît s’être plu à y venir. Dans les heures de loisir de sa vie agitée d’homme d’État, dans ses jours de lutte avec la belle et puissante Gabrielle, il aima à s’y

  1. Archives de l’Empire Q, 1514. — Cette visite demande trois jours aux experts, et Pierre Boudon alloue « à chascun d’eulx, pour chascun trois journées, la somme de deulx escus deulx tiers, et au clerc qui a escript ledict procès-verbal ung escu sol. ; à quoy sera ledict sieur de Sancy ou son recepveur constrainct par toultes voies deubes et raisonnables. » La minute reste au greffe de Dourdan, où sont enregistrés tous les contrats et autres titres d’engagement. — 12 mars 1599, un jugement reçoit le dépôt dudit procès-verbal.