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CHAPITRE XIII.

plus qu’aucun autre peut-être, à cause de ses passages irréguliers ou violents dans tant de mains diverses, offrait de ces matières à procès. On se souvient des véhémentes protestations faites par le procureur du roi, en 1556, lors de la rédaction des coutumes, contre les empiétements de toutes sortes des seigneurs voisins. Un terrier avait pourtant été rédigé en 1538[1], mais il était depuis longtemps fautif. Anne d’Autriche, en 1658, fatiguée des conflits qui s’élevaient entre son domaine et les dames de Lonchamp, avait tenté de leur faire faire de leur côté un terrier exact, mais elle n’avait qu’imparfaitement réussi.

Une estimation du domaine, soigneusement rédigée en 1668, servit de base à la constitution de l’apanage des ducs d’Orléans, et le sieur Lallemant de Lestrée, vicomte de Villeneuve, commis au terrier de 1676, rechercha et fixa par de nombreuses sentences les droits et les devoirs des censitaires.

A la suite d’échanges et de transactions auxquelles leurs agents avaient longtemps travaillé, les ducs d’Orléans étaient arrivés, vers la dernière moitié du xviiie siècle, à rendre leur position beaucoup plus claire. En décembre 1757, les archives du comté de Dourdan furent transportées du Palais-Royal à Paris, où elles avaient été centralisées, dans la ville d’Orléans, pour être soigneusement classées au siége de la généralité, et l’année suivante tout ce qui était demeuré de vieux titres dans la chambre basse du château de Dourdan consacrée aux archives, et dans les layettes de l’auditoire royal, fut expédié dans le même dépôt[2]. Par lettres de terrier, obtenues en la grande chancellerie le 17 août 1775, Antoine Le Camus, notaire royal au bailliage d’Orléans, fut commis à la rénovation du terrier du comté de Dourdan, et les censitaires du domaine vinrent faire leurs déclarations par-devant Me  Héroux, notaire à Dourdan, qui en a conservé toutes les minutes, aujourd’hui déposées dans l’étude de Me  Ortiguier.

Fermiers. — Les ducs d’Orléans, en même temps ducs de Chartres, de Nemours, etc., avaient pour gérer leurs nombreux domaines un fermier général, qui lui-même prenait des sous-locataires. C’est ainsi que le domaine de Dourdan fut le plus souvent affermé à des hommes du pays, plus capables que d’autres évidemment d’y trouver du bénéfice. Le fermier jouissait de tous les revenus et droits que nous avons énumérés ; le duc se réservait seulement les profits des censives, les profits de fief et de roture, rachats, reliefs, etc., le château avec toutes ses

  1. Messire Jean Pommereu, conseiller du roi, avait été commis pour informer des usurpations du domaine de Dourdan, dès mars 1518.
  2. C’est ce qui explique la présence, aux archives départementales du Loiret, d’une partie des papiers concernant le comté de Dourdan. Un fonds spécial, portant le titre du comté, est classé sous la cote A. 1371 à 1397. — Une autre partie de ces papiers est déposée aux Archives de l’Empire, dans la section domaniale O. 20,248-20,250, et 20,436-20,451. Les nos 20,438 et suivants sont ceux des anciens terriers.