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LA SEIGNEURERIE ET LES CENSIVES DE DOURDAN.

été coupé une bonne partie du hault-bois. Les usufruitiers ont quelque peu agi en propriétaires, et sans vouloir faire tort au roi, les bons moines, pour leur usage et celui de leurs pauvres, ne se sont pas toujours contentés des taillis.

Bien des dégâts devaient s’expliquer aussi par les droits de paisson, glandée, pacage, etc., concédés de tout temps, et les priviléges accordés à certaines personnes. Le fermier du domaine pouvait faire pâturer cinquante bêtes, le maréchal de la vénerie et des petites écuries du roi avait droit pour six vaches. Le seigneur de Sainte-Mesme pouvait faire paître tous ses troupeaux, et, de plus, prendre du bois pour ardoir et édifier en son manoir de Rouillon. Sans compter l’usage des habitants de Sainte-Mesme, Rouillon, Denisy, etc.

Ce que nul n’objecta, c’était la quantité exorbitante de combustible octroyée à chacun des officiers de la maîtrise pour son usage particulier, et qui n’était pas pris, croyons-le, sur le plus mauvais. M. Philibert Michel, écuyer, sieur de Grinville, avait à lui seul 50 cordes par an, comme maître particulier ancien et alternatif. M. de Bautru, en sa qualité de maître particulier triennal, en prenait 25 cordes, et il en réclamait 30 autres comme gouverneur du château. Le sieur de Pinceloup, contrôleur ancien, et les deux autres contrôleurs ses collègues, étaient taxés chacun à 25 cordes. Le lieutenant en avait 15 ; le procureur du roi, le greffier, le garde-marteau, chacun 10 ; il en revenait 6 à chaque garde, et ils étaient quatre ; et le sergent en prenait autant. C’étaient plus de 250 cordes de bois, sans compter les bourrées et les fagots.

Dès le mois de juin 1665, parut une sentence de bornage et d’arpentage qui fixait la contenance de toutes les parties de la forêt de Dourdan à 2,799 arpents 18 perch. (1429 h. 54 a. 12 c.), et par un arrêt du 21 juillet 1675 il fut ordonné qu’on y couperait chaque année, au profit de son altesse royale le duc d’Orléans, 20 arpents de baliveaux et 220 arpents de taillis. On ne pouvait retirer au duc la ferme des droits de paisson et glandée, mais l’enquête de réformation avait laissé un bon règlement ; les taxations des officiers avaient été revisées, et un triage spécial de la forêt affecté à leurs concessions de bois ; les deux garennes du gouverneur à Saint-Arnoult et aux Granges, causes incessantes de dégâts, avaient été supprimées et tous leurs terriers comblés. Enfin, en l’auditoire royal de Dourdan, l’audience forestière devait se tenir tous les jeudis à midi, et les assises ou « haults-jours » revenaient deux fois l’an dans ladite maîtrise, à Pâques et à la Saint-Remi. — Ce grand acte de réformation de 1665 est complété par d’autres actes, procès-verbaux et plans qui subsistent encore, datés des années 1673, 1691 et 1734.

Les ducs d’Orléans, pendant le cours du dix-huitième siècle, ne négligèrent rien pour améliorer les conditions de leur domaine. L’ouverture de cinq grandes routes, celles de la Fresnaye, de Denisy, de Saint-Arnoult, d’Auneau et de Garancières, donna une vie toute nouvelle aux