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CHAPITRE XV.

fice pour payer au propriétaire du Loup la dépense des brocs de vin bus à la santé du bon Henri IV.

Le Loup est flanqué du Petit-Loup, sa succursale. — Au bout de la rue du Moulin-du-Roi est l’abreuvoir ou la Fosse aux Chevaux, les Lavoirs où, du lever au coucher du soleil, on entend les battoirs et les langues des commères. La rivière vient de Potelet et passe sous les murs de la ville, et par l’ouverture du Petit Huis flanqué de sa tourelle, notre œil plonge sur les prés de l’Étang du Roy, la Pépinière Royale[1], la terre des Murs, Potelet et les pentes de Bonniveau.

Au-dessus de l’abreuvoir monte à pic la rue des Belles-Femmes. Le nom laisse deviner la chose. Dans presque toutes les villes à vieux château et à garnison, on retrouve derrière les fossés de la forteresse une rue des Belles-Femmes, où écuyers, lansquenets et archers venaient oublier la ronde ou le guet.

La rue de la Vieille-Geôle[2] nous ramène aux Quatre-Coins. Près des anciens cachots où gémissaient les pauvres diables, est le carrefour des buveurs et des routiers. À gauche, la rue de la Geôle, d’où nous sortons ; à droite, la rue Haute-Foulerie, qui remonte vers l’église ; derrière nous, la rue de la Basse-Foulerie ; devant, la rue Motte-Gagnée qui rampe, parallèlement à la rue des Belles-Femmes, sur la pente rapide de la Motte au sommet de laquelle le château est assis, et la rue des Fossés où l’on monte comme à l’escalade par de grands degrés disjoints. Les Quatre-Coins ont tout naturellement leurs auberges. Elles se regardent face à face aux deux encoignures de la rue de la Geôle : d’un côté le Cheval Blanc, de l’autre le Duc d’Orléans, qui couvre l’emplacement de trois maisons et sort sur la rue Motte-Gagnée. On ne parle plus de l’ancienne auberge des Quatre Vents.

Terminons notre tournée dans la ville basse et rejoignons l’église, notre rendez-vous, par la rue Haute-Foulerie. Les apprêteurs de bas ont là des magasins et des métiers et font le samedi leurs affaires au Lion d’Or, dont l’enseigne pend à côté d’une antique maison de sévère apparence

  1. En 1723, par ordre de M. de Bouville, intendant, M. Boucher, subdélégué de Dourdan, choisit pour l’emplacement d’une pépinière royale un terrain sablonneux, à l’est de la ville, appartenant à l’hospice. On y planta des ormes, tilleuls, hêtres, pommiers, poiriers, noyers et amandiers, au nombre de 15,000. En 1728, plus de la moitié des arbres avaient péri. En 1735, la pépinière fut transportée entre Dourdan et Potelet, dans un terrain dépendant du domaine. L’orme seul y réussit réellement ; on en comptait 23,400 pieds en 1746. Mais, en dépit du but de la création, qui était de garnir d’arbres les grands chemins, la plus grande partie du plant était livrée aux riches particuliers des environs, prince de Montauban, marquis de Magny, baron de Gauville, comte de Verteillac, etc. — L’administration supérieure s’entêta à faire à Dourdan d’infructueux essais de mûriers blancs. Le jardinier recevait 240 livres. Le terrain de 2 arpents était loué 30 livres au domaine.
  2. Rue de la Geôle (1640), de la Vieille-Geôle (1690), aujourd’hui de l’Abreuvoir.