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L’ÉGLISE SAINT-GERMAIN

Des maisons, des échoppes logées entre les contreforts défigurent cette façade qui est celle de la place. Servitudes léguées par les siècles passés, ces constructions sont destinées à tomber tôt ou tard et il est bien à souhaiter que l’église parvienne à se dégager de ces appentis parasites qui sont pour elle, non-seulement au point de vue de l’aspect, mais encore au point de vue de la conservation, un fâcheux et très-dangereux voisinage.

Intérieur. — Ce qui frappe tout d’abord, quand on pénètre dans l’église, c’est sa hardiesse, c’est sa forme élancée, c’est la hauteur de ses voûtes qui font paraître sa nef un peu étroite ; ce sont aussi les remaniements et les consolidations plus ou moins apparentes nécessités par la vétusté et les souffrances de l’édifice. Sans nous attacher aux détails, indiquons au lecteur les principales lignes. Du seuil de la grande porte à la chapelle de la Vierge qui sert de perspective et dont l’ornementation assez riche du xviie siècle tranche un peu sur le style de l’église, on compte neuf travées. Huit seulement appartiennent à l’ancienne église. Une grande croisée forme une travée plus large que les autres à la hauteur du chœur. Du bas de l’église jusqu’à cette croisée, cinq travées se succèdent, supportées en général par des piliers[1] ou colonnes monostyles, aux chapiteaux ornés de larges feuilles, cantonnés sur leur face d’une colonne formant, avec deux autres implantées au-dessus du chapiteau, un faisceau de trois colonnes couronnées par des chapiteaux à crochets et feuillages, recevant la retombée des arcs doubleaux et diagonaux de la nef. Les voûtes sont partagées en travées par des arcs doubleaux croisés de nervures se réunissant à des centres ornés de rosaces ou d’écussons effacés.

Au-dessus des arcs latéraux en ogive aiguë, et au-dessous des fenêtres, un double bandeau se profile dans toute la longueur de l’église, interrompu seulement par les faisceaux de colonnes. Entre ces deux bandeaux règne une galerie étroite dont le plafond de pierre sert de terrasse extérieure. Cette galerie, qui est un des plus beaux ornements de l’église, s’éclaire sur la nef, dans chaque travée, par trois arcatures en ogive avec redents, portées tantôt par des colonnettes cylindriques ou par des colonnes torses, tantôt par des piliers carrés ou des pilastres engagés, avec bases et chapiteaux à crochets et feuillages, suivant le goût de l’époque à laquelle remonte la construction ou la réparation.

Chaque travée est percée d’une fenêtre ogivale divisée en trois parties par deux meneaux en pierre aux moulures prismatiques se réunissant à la naissance de l’ogive et se terminant par des trilobes aigus ou des quatre-feuilles. Toutes ces parties hautes, refaites plusieurs fois au xve et au xvie siècle, ont perdu la pureté de leur caractère primitif, et des morceaux

  1. Plusieurs de ces piliers, du côté du nord, ont été remplacés, lors de travaux de consolidation, par de grosses colonnes flanquées de piliers carrés qui viennent pénétrer dans les voûtes des bas-côtés.