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CHAPITRE XVI.

conservés des anciennes constructions ont été placés partout sans beaucoup d’art.

La travée de la grande croisée, au devant de laquelle on monte une marche, est supportée par quatre gros piliers formés de faisceaux de colonnettes s’élevant avec hardiesse jusqu’à la naissance des arcs de la voûte. Entre ces piliers, au nord et au sud, l’arc latéral est ogival, mais construit sur un triangle si petit qu’il paraît être plein-cintre. Ici, la travée étant plus large, la galerie comporte cinq arcatures en ogive à colonnes cylindriques. Au-dessus, une grande fenêtre est partagée par un meneau en deux baies ogivales. Chacune d’elles en comprend deux autres séparées par une colonne à chapiteau avec œil de bœuf, le tout surmonté d’une grande rose et encadré dans une ogive.

Les deux travées suivantes, où nous laisserons les hommes spéciaux étudier en détail les restes de l’ancienne église, sont supportées par des piliers rectangulaires à très-petite base et à chapiteau feuillagé, cantonnés d’une colonnette aux angles et d’une colonne sur les deux faces latérales. Dans les bas-côtés, une colonne engagée dans le mur extérieur, au droit de chaque pilier, reçoit la retombée des arcs, souvent déformés, et dont plusieurs portent encore des bâtons en zig-zag qui accusent leur date ancienne.

Le mur du fond de l’église a été ouvert pour la construction de la chapelle de la Vierge, et une dernière travée a été ajoutée pour relier ce bâtiment. La travée médiane, reposant sur des piliers carrés flanqués de pilastres fort peu en harmonie avec le style de l’église, a son grand arc complétement déformé, et au-dessus, à la place de la croisée qui jadis terminait l’église, une grande page blanche attend un ornement[1].

Chapelle de la Conception. — La chapelle que l’on voit dans le bas-côté sud, avant la sacristie, et qui est aujourd’hui dédiée au Sacré-Cœur, remonte au xve siècle. C’est la fondation et le caveau mortuaire d’une ancienne famille de Dourdan. En 1484, par testament, Léger Lucas, seigneur de Douaville, et sa femme « fondent une messe par semaine le mercredi », ordonnent « deux tombes être mises devant le crucifix » et donnent une rente de quatorze setiers de blé à prendre sur le moulin de Malassis, savoir 2 à la fabrique et 12 au sieur prieur ; plus 10 sols aux marguilliers le jour saint Étienne, à prendre sur terres et maisons des Maillets.

Suivant titres, leur fils, Guillaume Lucas, procureur du roi à Dourdan, élu de Rochefort, et Marie Hardy, sa femme, ont fait bâtir la chapelle de la Conception où ils ont fait inhumer leurs père et mère fondateurs de ladite messe. Ils y sont inhumés eux-mêmes sous la grande tombe où sont écrits leurs noms et qualités, avec leurs armes, conformes à celles de la voûte, de 3 roses sans queue.

  1. Toutes ces choses se réparent tandis que nous écrivons ces lignes.