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CHAPITRE XVI.

faisant face aux fidèles, deux autels, élevés d’une marche et entourés d’une grille, s’appuyaient contre les faisceaux de colonnettes qui soutiennent l’arc du chœur. Celui de droite était consacré à saint Michel archange, celui de gauche à saint Étienne, premier martyr, le second patron de la paroisse. Saint Étienne a été vénéré à Dourdan de temps immémorial. On a même prétendu qu’il y avait eu primitivement une paroisse sous son vocable. Saint-Germain possédait de ce saint une relique insigne, une portion du crâne enfermée dans un chef de vermeil. C’était le plus précieux trésor de l’église et l’autel du pilier de Saint-Étienne était l’autel privilégié de la paroisse. On avait pratiqué dans le faisceau de colonnettes une sorte de niche de deux pieds et demi carrés, garnie d’une forte grille de fer fermant à deux clefs, avec une petite porte au milieu également munie de serrures, pour passer la main afin de toucher à la relique, le tout recouvert d’une massive porte de chêne doublée de fer. Nous avons raconté le vol du reliquaire et la profanation de la relique par les huguenots, lors du siège de 1567 ; comment elle avait été jetée dans les fossés du château recueillie par une pieuse femme et solennellement restituée à Saint-Germain en 1609. Le parement de l’autel de Saint-Étienne portait encore du temps de de Lescornay, c’est-à-dire en 1624, la représentation de l’église Saint-Germain telle qu’elle était avant les désastres et les ravages du xvie siècle. C’est dans une autre partie de l’église qu’un nouveau sanctuaire fut depuis consacré à saint-Étienne. L’ancien autel fut dédié à Notre-Dame-de-Pitié dont l’image remplaça la niche du pilier. Cette dévotion était aussi en grand honneur à Dourdan. Les plus pauvres habitants se cotisaient pour faire célébrer presque tous les jours à cet autel une messe pour les âmes des trépassés, et un tronc à cet usage était fixé contre le pilier d’en face[1].

La grille et la porte du chœur, si l’on en croit la tradition, étaient un chef-d’œuvre de boiserie du moyen âge. Elles étaient surmontées d’un crucifix, d’une statue de la Vierge et d’une statue de saint Jean[2]. Comme les portes étaient vermoulues, M. Fougerange, le zélé marguillier qui prit au xviiie siècle l’initiative de toutes les réformes dans la paroisse, les fit démolir (1738), et plaça le crucifix avec les statues contre l’ancien pignon, au-dessus du maître-autel. Une nouvelle grille, de nouvelles portes en bois et fer furent fabriquées à Paris avec couronnement à palmettes, pilastres, corniches, cintres, rouleaux, groupe d’enfants

  1. Une image sculptée de Notre-Dame-de-Pitié, déposée depuis assez longtemps, d’une manière provisoire, dans le bas de l’église, attire toujours la vénération et les offrandes des fidèles. On lui destine un sanctuaire plus convenable.

    Les autels et la niche des piliers ont disparu.

  2. « Tous les ouvriers qui viennent à Dourdan et qui se piquent de se connoître parfaitement en beauté d’ouvrages tombent en admiration en voyant dans une petite ville trois pièces qui, sans contredit, passent pour les plus belles de France, » écrivait, au siècle dernier, un bon habitant de Dourdan.