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L’ÉGLISE SAINT-GERMAIN

supportant le blason de la maison d’Orléans surmonté d’une couronne princière et entouré des cordons des ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel, le tout rehaussé d’or et dominé par une croix fleurdelisée[1].

Le maître-autel, plusieurs fois ruiné dans les divers pillages, fut reconstruit en 1648, sous l’inspiration d’Anne d’Autriche, alors dame de Dourdan, et coûta 3,500 livres. C’était tout un monument, dans le style du temps, mais nullement dans celui de l’église, avec quatre grandes et belles colonnes de marbre noir à chapiteaux dorés, corniches, architraves, etc. Deux des colonnes étaient surmontées d’anges adorateurs, deux autres de vases d’où sortaient des fleurs. Entre les colonnes se dressaient deux statues : celle de saint Germain et celle de saint Étienne ; au-dessus de l’autel, dans un riche cadre de pierre dorée, un tableau de Jouvenet représentait l’Ascension, et dans un cartouche ovale, par-dessus le tout, dominait l’image du Père Éternel. On voit aujourd’hui cet autel, moins les tableaux, dans la chapelle de la Vierge où il a été transporté en 1768, alors que les marguilliers, curé, habitants, furent possédés de l’idée fixe d’un autel « à la romaine[2]. »

De chaque côté du maître-autel, au fond des bas-côtés, deux autels ont de tout temps existé. À gauche, quand l’église se terminait là, se trouvait la chapelle de la Vierge, à droite celle de sainte Barbe. C’est cette dernière qui paraît avoir été la chapelle du seigneur de Dourdan. De Lescornay raconte que de son temps il y avait derrière l’autel de Sainte-Barbe une espèce de tombeau qui portait les armes de la maison des comtes d’Étampes, apanagistes de Dourdan au xive siècle, avec une saillie de pierres de taille, à cinq ou six pieds contre la muraille, « et sur icelles un empatement de croix, » reste d’un fort beau crucifix ruiné pendant les guerres de 1567. On sait d’ailleurs qu’il y avait à Saint-Germain un oratoire du crucifix, par une charte du xiiie siècle, qui a été citée en son lieu[3]. L’autel de sainte Anne remplaça, au xviie siècle, l’autel de sainte Barbe, et cet autel de sainte Anne, transporté à son tour du côté gauche où était jadis celui de la Vierge, fit place à l’autel de saint Étienne. Non loin de ce dernier autel, au-dessous d’une croisée, furent déposées les précieuses reliques dans une sorte d’armoire surmontée d’une corniche, d’un fronton et de guirlandes en plâtre, et fermée par une porte de chêne et une grille de fer[4].

  1. Cette grille, payée 2,000 livres à Pichet, fameux serrurier de Paris, a disparu à la révolution.
  2. La statue actuelle de la Vierge est un don de M. Roussineau, curé, en 1806. — On s’occupe actuellement de l’érection d’un maître-autel de pierre, dans le style de l’édifice.
  3. Voir pièce justificative XI.
  4. Les reliques de saint Étienne ont disparu à la révolution. L’autel du martyr est actuellement dédié à saint Pierre, en souvenir de la seconde paroisse de Dourdan, dont les biens ont été réunis à ceux de Saint-Germain. — L’autel de sainte Anne continue à lui servir de pendant. Ces deux autels vont être totalement renouvelés.