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CHAPITRE XVI.

de messire Robert Joudouin qui avait obtenu de grands avantages pour son prieuré par son intimité avec Louis d’Étampes et qui, élevé à la dignité d’abbé de Saint-Chéron, figure comme exécuteur du testament du prince en 1399. Le duc de Berry, en 1412, confirmait les priviléges accordés et donnait au prieur un jardin[1].

Les bâtiments du prieuré étaient, à ce qu’il paraît, fort modestes ; le prieur y entretenait ses vicaires. Avec le temps, il se relâcha un peu, et à la suite des désastres de la Ligue et de l’appauvrissement de la cure, il voulut faire quelques économies qui ne furent pas du goût de la population. Frère Pierre Duchesne, curé en 1605, fut condamné, par sentence du bailliage, à entretenir à ses dépens quatre vicaires, et la vieille lettre latine de Goslenus fut invoquée comme pièce judiciaire. Par transaction faite avec les habitants, par devant Richer notaire royal, le 25 juillet 1612, le nombre de quatre fut réduit à trois. Le bâtiment du prieuré fut entièrement démoli et reconstruit en 1615. Le litige recommença en 1691 ; la population accusa de négligence messire Antoine Lebrun, son curé, qui avait pourtant le titre d’official. Les paroissiens rassemblés remontrèrent qu’ils manquaient de confesseurs et que mainte personne était forcée « de monter aux Granges la veille des grandes fêtes, quand de temps immémorial, il y a toujours eu dix prêtres et au moins sept ou huit confesseurs pour la liberté des consciences dans ladite église. » L’affaire alla devant l’officialité de Chartres, et par transaction frère Antoine Lebrun fut tenu d’entretenir deux vicaires et les marguilliers furent contraints de se charger d’un troisième prêtre faisant à la fois fonctions de chantre, de chapier et de sacristain. En 1704, nouveau procès ; les paroissiens tenaient absolument à avoir quatre vicaires et messire Claude Titon ne le voulait pas. Les marguilliers étaient mécontents parce que le curé avait entrepris d’agrandir le prieuré, demandait de l’argent à la fabrique, et s’était séparé de ses vicaires pour vivre seul et « voir le grand monde. » La fabrique donnait alors à chaque vicaire, outre une chambre toute garnie, 40 livres ; — au curé, dont le revenu total montait environ à 3,000 l., 224 l. pour ses honoraires et assistances de messes ; — à chaque prêtre chantre 200 l. — au maître des enfants de chœur prêtre 70 l. — aux enfants de chœur porte-croix 30 l. — au chantre laïque 36 l. — au maître laïque 70 l. — à l’organiste 300 l. — chacun des deux bedeaux 75 l. — au suisse 15 l. — aux sonneurs 115 l. — au serrurier-horloger 50 l. — à la communauté pour le blanchissage du linge 58 l. — au cirier pour le luminaire 418 l. — aux porte-bannières une gratification annuelle de 3 l. — aux distributeurs du pain bénit une paire de souliers à Pâques, etc.

  1. Les prieurs de Saint-Germain avaient leur sceau. Un fragment du sceau du prieur de Dourdan, qui devait être rond et représentait un agneau pascal, mais dont la légende a entièrement disparu, existe aux archives d’Eure-et-Loir (Fonds de Saint-Chèron) attaché à une pièce de 1444.