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CHAPITRE XVI.

l’hiver à 4 h. ¾, et était dite tous les jours par un vicaire à 4 h. ½ ou à 5 h., suivant la saison, précédée de la récitation de la Passion[1]. Quand on a dans les mains les actes où se traduit la vie paroissiale d’autrefois, on est profondément frappé de la foi et du zèle religieux de nos pères. C’est la population elle-même qui réclame et au besoin exige la célébration de certains offices, l’observation de certains usages. Les Dourdanais tenaient beaucoup à leurs processions. En 1691, le curé, ayant annoncé au prône qu’on n’irait pas comme de coutume pour les Rogations à Sainte-Mesme et aux Granges, fut interrompu par les murmures de l’assistance et les marguilliers portèrent plainte à l’officialité. Il y avait aussi procession au cimetière aux Quatre-Temps, procession à Louye « à Notre-Dame en mars », procession à Sainte-Julienne le lundi d’après Quasimodo. Cette dernière était en grande faveur, mais comme la distance à parcourir était considérable, il y avait une allocation de 2 sols pour chaque vicaire et une gratification pour les porte-bannières et porte-torches. Le retour s’effectuait souvent assez tard et l’on devait prendre un repas en route. C’était une dépense d’environ 30 livres par an pour la fabrique. Dans les grandes occasions, comme les jubilés, on promenait la châsse de saint Étienne. Sous Louis XIII, en 1623, le tabellion Thomas Richer fonde par testament une grande procession du Saint-Sacrement dans l’église aux cinq fêtes de la Vierge et donne un dais ou ciel en velours cramoisi, avec des figures, des armes et des initiales en broderie. Les confrères du Saint-Sacrement, pendant l’octave de leur fête, marchaient en grande pompe avec leurs insignes. Chaque soir, durant huit jours, assistait, avec sa bannière armoriée, une corporation différente représentée par les maîtres du métier, charpentiers, jardiniers, cordonniers, etc.

Nos pères étaient avides de la parole de Dieu, et en outre de leurs prêtres, il leur fallait souvent des prédicateurs étrangers ; on s’adressait à l’évêque qui envoyait des religieux. C’étaient les fidèles eux-mêmes qui souvent pourvoyaient spontanément par une quête aux honoraires. En 1595, c’est au Croissant que la fabrique défrayait le prédicateur. Au xviie siècle, elle leur fournissait une chambre dans le nouveau prieuré, les nourrissait avec un frère assistant, payait leur voyage et ajoutait une petite aumône pour le couvent[2]. Parfois il y avait station extraordinaire

  1. Une fondation de 218 livres était affectée à cette messe. Une ordonnance de l’évêque, du 15 mai 1668, alloue 2 sols au vicaire qui dira la Passion avant la messe matinale.
  2. Au P. Jean-Marie de Vernon, récollet, pour le carême de 1645 et l’octave du Saint-Sacrement, à raison de 40 sols par jour pour sa nourriture, 130 liv. — Pour ramener le P. Bareau à Chartres, à cheval, après ses stations de 1646, 12 liv. — Au P. capucin, pour l’Avent 1646, 64 liv. — Au P. cordelier, pour les sermons de Pentecôte, 12 liv. — Au R. P. Damasine, gardien de Limours, pour trois sermons, en 1698, 6 liv. — Au R. P. Fabien, pour le carême 1699, 136 liv. — Au R. P. Dumoullin, pour l’Avent, 96 liv. — Au R. P. Bernard, pour les deux sermons d’Assomption et de Tous-