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L’ÉGLISE SAINT-GERMAIN

et lors de la mission donnée par le fameux abbé d’Olonne, en novembre 1752, une croix qui porta le nom de « croix d’Olonne » fut élevée sur la route de Saint-Arnoult à la pointe du chemin menant à Sainte-Mesme.

Non contents d’avoir pour église un bel édifice, les paroissiens voulaient qu’il fût orné, habillé aux jours de fête. Le chœur était tendu d’une tapisserie de Flandres, de vingt-cinq aunes de tour, représentant l’histoire d’Esther[1] et sur de longues tringles de fer d’un pilier à l’autre, on accrochait tout autour de la nef sept grandes pièces de tapisseries où se voyaient les actes des apôtres[2]. L’autel était recouvert de beaux parements de dentelle choisis par mademoiselle de Lescornay[3], et un grand dais violet, suspendu à la voûte, lui servait de baldaquin. La chaire avait des housses variées suivant les jours ; la plus belle était celle de velours de Gênes cramoisi, avec galons et franges d’or fin (1691). Les célébrants, prêtres et chantres, avaient des ornements à l’avenant. Ceux de velours cramoisi donnés par Anne d’Autriche avaient été complétés par deux chapelles neuves commandées en 1669, l’une blanche, garnie de dentelles d’or de Milan, l’autre verte, frangée or et argent[4]. La même année on avait fait emplette d’un dais de velours à la turque, à fond d’argent « garny de gallon, dentelle et franges d’or, bastons d’argent et égrettes de plumes rouges et blanches. »

Les vases sacrés et l’orfévrerie étaient fort riches et provenaient de dons princiers ou de cadeaux des confréries. Croix, ostensoir, chandeliers, lampes, couverture du livre des Évangiles, etc., étaient en argent massif. Aux grandes fêtes, on se servait d’un calice tout en or, d’une « hauteur extraordinaire, très-bien travaillé et relevé en figures. » Il y en avait un en vermeil pour les dimanches et trois autres en argent pour les vicaires.

Que de solennités historiques, que d’offices de circonstance, que de joyeux ou douloureux anniversaires, si l’on pouvait interroger la vieille église, depuis les obits des premiers Capétiens jusqu’au service du père de Philippe-Égalité ; depuis la messe matinale de saint Louis ou des comtes d’Évreux jusqu’aux trois messes de minuit du duc de Guise ; de-

    saint, 4 liv. — Au R. P. Amiens, jacobin, pour l’Avent 1700, 84 liv. 15 sols. En 1749, la fabrique, étant dans une grande pénurie, demanda à l’évêché de ne plus envoyer de prédicateurs qui reviendraient à plus de 500 livres par an.

  1. Achetée à Paris, en 1646, pour 830 livres.
  2. Achetées à Paris, en 1675, chez Adrien le Vasseur, par M. Guyot, premier marguillier, qui a fait plusieurs fois le voyage et a dû passer neuf ou dix jours. — Ont coûté 1,900 liv. — Payé 253 liv. à Jean Huë, tapissier à Paris, « pour avoir nettoié, rantray et remis en coulleur les vielles tapisseries de l’église, garny de bande de thoille les tapisseries nouvellement acheptées. » — Payé 21 liv. 10 s. pour le port de Paris à Dourdan de toutes ces tapisseries, pesant 860 livres.
  3. Fille du premier marguillier en 1677.
  4. Payée 1,509 livres.