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L’ÉGLISE SAINT-PIERRE.

tableau représentant la Nativité d’après Lebrun, et deux niches pour les deux patrons de la paroisse : saint Pierre et saint Gilles, dont il commanda les statues de bois peint et doré à un « très-habile sculpteur de chez le Roy. » La vénérable chaire de Saint-Pierre fut placée au-dessus de la porte principale. À côté du maître-autel, se voyait encore un grand tableau de saint Dominique. Devant le sanctuaire, des dalles avec noms et figures recouvraient des tombes, et sous la lampe étaient enterrés Pierre Lucas, mort en 1540, et son épouse Perrine Boutet, descendante du fameux privilégié de Chalo-Saint-Mard, demeurant de leur vivant « dans leur maison des Châteaupers, paroisse Saint-Pierre. »

De chaque côté du chœur, où étaient rangées dix-huit stalles, s’enfonçaient les deux cancelles : à droite, celle de la Vierge, avec son autel du même style et de la même époque que le maître-autel (1664), trois tableaux et un grand crucifix. À gauche, celle de saint Phallier, le bon moine d’Aquitaine qui rendait la santé aux petits enfants. Cette dernière chapelle, dans laquelle on remarquait une statue de bois du saint, et un petit tableau fort ancien représentant le mariage de Jésus-Christ avec son Église, fut restaurée en 1750 par M. Bajou, lieutenant particulier au bailliage. Il la dédia à sainte Geneviève et commanda à Paris un tableau « copié sur celui du Saint-Esprit, à Paris, » avec une image de saint Charles et une de saint Jacques.

Dans la nef étroite et longue qui contenait vingt-trois bancs, on avait encore placé deux chapelles dont les tableaux étaient des originaux de maître « ôtés, dit un contemporain, par la lâcheté des habitants qui l’ont souffert » et remplacés par des copies : l’une dédiée à saint Roch avec l’image de saint Pierre-ès-liens et les statues de saint Roch et saint Sébastien sur deux colonnes ; l’autre dédiée à saint Vincent, avec un tableau de la conversion de saint Paul et deux colonnes portant saint Vincent et saint Marcoul. La chaire, le banc d’œuvre avec un grand soleil de bois doré sur son haut dossier, les fonts baptismaux[1], près desquels se voyait une magnifique bannière des Gobelins, garnissaient les parois de la nef, et entre les fonts et le banc des marguilliers était la tombe de M. Lévy, le riche habitant de Saint-Pierre et le créateur du Parterre.

La petite sacristie, enclavée dans les bâtiments voisins et dont l’emplacement fut l’objet de procès sans fin, était bien loin d’être garnie comme celle de Saint-Germain Les vases sacrés étaient fort modestes ; on n’y voyait pas de riches tentures, mais un grand nombre de vieux ornements, qui auraient sans doute pour nous leur valeur archéologique, comme ceux de damas rouge donnés au xvie siècle par Balthazar Gouin, avec son portrait à genoux et son nom brodé. On conservait soigneusement trois grands bâtons rouges, dont deux se terminaient par des cou-

  1. Ces fonts, en marbre, viennent d’être rachetés à un particulier par la fabrique de Saint-Germain. Ils pourront servir de bénitier dans l’église.