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CHAPITRE XVII.

ronnes de fer et un par la figure du Père Éternel ; ils servaient aux confréries de Saint-Gilles et de « Saint-Marcou, » ces deux antiques patrons des corporations. À la porte était affichée la bulle du pape Alexandre VIII accordant indulgence plénière à ceux qui, s’étant confessés et ayant communié, visiteraient l’église paroissiale de Saint-Pierre de Dourdan au jour et fête de saint Pierre et saint Paul (24 déc. 1689).

Prieuré et cure de Saint-Pierre. — Lorsque l’église Saint-Pierre fut acquise, vers 1112, à l’abbaye de Morigny, des religieux furent détachés de la maison abbatiale et vinrent former une sorte de colonie ou obédience qui exploita les biens et les terres appartenant à l’église de Dourdan et vécut de leurs produits. Ces religieux, chargés d’abord en commun, in solidum, de l’administration spirituelle de la paroisse, eurent un prieur, prior, le premier d’entre eux. Le vieux prieuré ou moûtier Saint-Père était si pauvre, comme nous l’avons vu ailleurs, et ses paroissiens étaient si peu nombreux qu’en 1257 l’évêque de Chartres, Mathieu, lui accorda le privilége de ne payer que trente sols parisis pour la procuration de l’évêque qui viendrait faire sa visite. Le prieur, auquel fut spécialement confiée la charge des âmes, prior curatus, est le curé primitif de Saint-Pierre de Dourdan. Plus tard, peut-être au commencement du xve siècle, pendant les grandes guerres qui désolèrent la France et dépouillèrent les couvents, les religieux de Morigny abandonnèrent leur monastère de Dourdan. Le prieuré-cure se scinda en deux bénéfices qui demeurèrent toutefois l’un et l’autre à la collation de l’abbé de Morigny : un prieuré simple qui pouvait être mis en commende et dont le titulaire jouissait des revenus subsistants, — une cure qui se sécularisa et dont le titulaire jouissait d’un « gros ou portion congrue » en argent.

La situation relative des deux bénéficiaires était complexe. Assez mal vue par les canons et résultant de circonstances et de nécessités à la fois générales et locales, elle donna lieu, pendant les trois derniers siècles, à de fréquents conflits dont les archives de Saint-Pierre offrent de nombreuses traces. Le curé, prêtre responsable des fidèles confiés à sa garde, était le vrai pasteur de la paroisse. D’un autre côté, il n’était que le « vicaire perpétuel » du prieur, ce « curé primitif » de l’endroit. Il avait tout le fardeau du ministère et ne touchait qu’un revenu modique et limité. Le prieur, non obligé à la résidence, et qui pouvait être un simple clerc tonsuré de quatorze ans, était à la fois seigneur spirituel et temporel de la paroisse, en recueillait les fruits sans avoir autre chose à faire que de payer les décimes, pourvoir à la réparation de certaines parties de l’église et assister ou coopérer aux offices de certains jours de l’année.

Voici, en résumé, quels étaient les droits du prieur de Saint-Pierre :

Il était dit seigneur spirituel et temporel du prieuré avec droit de mairie et de justice censuelle. À ce titre, il avait son terrier.