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CHAPITRE XVIII.

l’église. Au bout, était la halle sur laquelle les droits du prieur de Saint-Pierre étaient établis dès 1315. Halle, place et église étaient peut-être, suivant l’usage le plus fréquent, contenues dans la baille du château, sorte d’enceinte extérieure où le seigneur aimait à réunir sous sa main le centre religieux et le centre commercial de la ville, et surveillait à la fois le mouvement de la population et la perception des droits domaniaux. En tout cas, l’entrée du château n’était pas immédiate comme aujourd’hui, et, en avant du fossé, une place entourée de barrières servait à l’évolution et au groupement des hommes d’armes qui sortaient les uns après les autres par l’étroite passerelle du pont levis.

La formation de l’enceinte des fossés dut être l’objet d’un grand travail. Cette enceinte mesure 178 toises de pourtour ; elle forme un carré à peu près parfait d’environ 90 mètres de côté. Le fossé, construit à fond de cuve et entièrement revêtu de parois de grès, a 12 mètres de largeur et plus de 6 mètres de profondeur à partir du sol de la ville[1]. Le développement de la surface occupée par le fossé est de 34 ares, 40 centiares. L’enceinte intérieure contient 53 ares, 60 centiares. C’est un total de 88 ares pour l’ensemble du terrain consacré par Philippe-Auguste, au milieu de la ville, à sa nouvelle citadelle. L’orientation, parfaitement choisie, est du nord-ouest au sud-est. (Voir le plan, fig. 1.)

Une muraille très-élevée ou courtine forme la paroi intérieure du fossé. Cette muraille, bâtie en grès à peu près jusqu’au niveau du parapet de la paroi extérieure, et continuée en moëllons et cailloux cimentés par un indestructible mortier, a une épaisseur de plus de 2 mètres. Elle est flanquée de neuf tours circulaires en saillie. Deux de ces tours, rapprochées l’une de l’autre, défendent l’entrée principale située sur la place et protégent la porte ogivale à laquelle un pont-levis donnait accès. Quatre tours s’élèvent aux quatre angles, et trois autres à la moitié de chacun des trois côtés de l’enceinte. La tour de l’angle nord, qui surpasse de beaucoup les autres en diamètre et en hauteur, a une position tout exceptionnelle. Complétement détachée de l’enceinte intérieure, elle se dresse isolée au milieu du fossé[2]. Le fossé l’enveloppe, échancre sur ce point l’angle du carré, et se renfle du côté de la ville pour conserver sa largeur et décrire une circonférence à peu près concentrique à celle de la tour. C’est le donjon, auquel nous reviendrons tout particulièrement.

Ces tours, dont la base, jusqu’à affleurement du sol de la rue, est en

  1. Cette profondeur, qui varie de quelques décimètres, suivant le niveau des rues adjacentes et les apports de terre végétale qui ont été faits en divers temps pour la culture des fossés, est celle que l’on peut constater au-dessous du parapet de la rue de Chartres.
  2. Ou plutôt se dressait, car aujourd’hui le fossé est comblé du côté de la cour, et ce que nous appellerons le premier étage du donjon est devenu en réalité le rez-de-chaussée.