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LE CHÂTEAU.

de la citadelle, donnèrent lieu à un déblaiement, à des démolitions dont les traces ont été plusieurs fois retrouvées. De Lescornay dit que : « lors du siége de 1591 le capitaine Jacques ayant fait oster de la place quantité de terre pour fortifier le chasteau dans lequel il commandoit ; et estant paruenu jusques à l’ancien solage, on y a trouué des foyers et autres choses qui font cognoistre qu’auparauant y auoit eu des bastiments qui auoient (peut estre) esté ruinez pour y pratiquer la commodité de ce jardin[1]. » En juin 1751, « quand on a voulu aplainir un costé de la grande place d’armes vulgairement appelée le Martroy ou le boulevard, du costé et contiguë les maisons faisant face à l’église de Saint-Germain, pour y faire le marché neuf, l’on y a découvert plusieurs vestiges et fondements de murs qui estoient très-bien basty en chaux et sable, et qui font connoistre qu’il y a eu anciennement des bâtiments dans cette place avant qu’elle ait esté destinée pour une place d’armes. Entre autres monuments d’antiquité, on a découvert un bassin de massonnerie de neuf pieds de diamètre bien crépy en ciment, lequel bassin paroist avoir esté fait pour l’usage de quelque tanneur ou corroyeur, et proche ce bassin s’est découvert une entrée de cave avec son escalier qui par la structure de sa voûte montre qu’elle est bastie d’une antiquité la plus reculée, et on peut assurer que ces anciens bastiments que l’on trouve dans cette place y estoient devant que le chasteau fut basty[2]. » Ces vestiges ont été, plusieurs fois depuis, remis au jour à l’occasion de pavages ou de travaux particuliers. L’entrée de cave, le bassin de trois à quatre mètres de diamètre et de soixante dix centimètres environ de rebord[3], ont été revus plusieurs fois, et existent encore, nous dit-on. Au reste, ce ne sont pas là les seules substructions qui se rencontrent aux abords du château. Des voûtes, de longues caves paraissant se diriger vers lui ont été maintes fois constatées lors de constructions et de fondations, à l’hôtel du Croissant, sur l’emplacement de l’ancien corps de garde et des maisons qui lui font suite, etc.

Le grand apport de terres recouvrant l’ancien solage de la place, qui fut utilisé en partie par le capitaine Jacques pour la défense intérieure du château, et peu à peu aplani comme le témoignent encore les arrachements du parapet des fossés, provenait sans doute de l’immense terrassement qu’on avait dû faire pour creuser ces fossés profonds. Une sorte de jardin avait été ainsi disposé devant la façade ; c’est ce jardin qui fut donné par Jean duc de Berry, en 1408, au prieur de Saint-Germain et qui a servi de cimetière, car on retrouve des ossements devant

  1. Page 8.
  2. Note laissée par Gaumer, commissaire de police à Dourdan au xviiie siècle.
  3. Ce bassin, qui était plutôt à l’usage des potiers, dont on a trouvé un four sous le pilier de la halle, existe sur la place devant la seconde maison de la rue de Chartres, faisant face à l’église, à partir du bout le plus rapproché du château.