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LE CHÂTEAU.

fossé entourait de toutes parts le donjon. Au dessus du linteau de grès de cette porte, se voit une baie qui a été agrandie. C’est dans cette embrasure que s’ouvre la porte de l’escalier montant aux étages supérieurs, dans l’épaisseur du mur (D). L’ouverture qui fait face à cette porte est une autre porte ogivale qui regarde la rue de Chartres et servait de communication avec l’extérieur au moyen d’un pont levis dont les corbeaux sont encore visibles au dessous de la porte (E). La troisième embrasure est éclairée vers le couchant par deux étroites fenêtres rectangulaires superposées (F). Sur une des parois, dans un enfoncement ogival (G), se voit le puits de 0,80 c. de diamètre, cylindrique, monté en pierres admirablement taillées et dressées en même temps que la maçonnerie du mur (H). De l’autre côté de la salle, une grande cheminée (I), dont l’intérieur a plus de deux mètres de large, se terminait par un manteau pyramidal de près de quatre mètres de haut dont l’arrachement se voit encore, et dont les deux pilastres subsistent. Au fond de cette cheminée, un four permettait de cuire le pain en temps de siége. Le long des parois de la salle, un enfoncement qui correspond à une fosse servait de latrines (J). Dans le plancher un large trou (K), qui était sans doute recouvert d’une dalle, est la bouche du souterrain ou casemate qui mettait le donjon en communication avec l’intérieur de la place et très-probablement aussi avec l’extérieur. En effet, ce souterrain que nous avons exploré passe sous le fossé de 7 m. qui séparait le donjon de la cour.

On y descend d’abord, à l’aide d’une échelle, par une sorte de puits perpendiculaire d’environ 4 m. 60 de profondeur. Un escalier voûté forme ensuite un chemin en pente de 6 m. de long sur 1 m. 10 de large et 2 m. 10 de haut (L). Le chemin, devenu horizontal, s’élargit un peu et mesure 1 m. 60 sur 7 m. de longueur. On se trouve alors sous le fossé. Une nouvelle pente avec degrés, d’environ 8 m. de longueur, remonte jusqu’à une sorte de plate-forme de 2 m., au-dessus de laquelle se trouve l’ouverture, aujourd’hui fermée de dalles et recouverte de terre, qui ressort dans l’intérieur de la cour. Par cette casemate, la garnison, une fois forcée dans le château, se retirait dans le donjon, et des portes et herses de fer empêchaient l’ennemi d’y pénétrer. Mais pour donner aux assiégés, cernés de toutes parts, un moyen de communiquer avec le dehors, un autre souterrain devait, suivant l’usage, s’ouvrir dans la casemate et se diriger en sens opposé, en passant sous le fossé extérieur, pour sortir à quelque distance. Une tradition, commune à tous les vieux châteaux, donne à ce souterrain une immense étendue et le fait aboutir à Sainte-Mesme, c’est-à-dire à une lieue de là. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’au bas de la descente de la casemate, à l’intérieur de la tour, une ouverture, assez grossièrement bouchée et près de laquelle se voient quelques suintements d’eau, correspond à l’axe du puits du donjon, et comme, en comparant les niveaux, ce puits, qui ne contient plus que quelques centimètres d’eau provenant de l’égoût des terres, est