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CHAPITRE XVIII.

précisément comblé à cette hauteur, il est présumable qu’on a fait disparaître une issue qui s’ouvrait sur le puits, et qui, franchie à l’aide d’une planche facilement retirée, permettait de s’engager dans un passage extérieur que nous avons l’intention de rechercher, et qui est très-vraisemblablement effondré.

La salle qui nous occupe, pourvue, comme on le voit, de tout ce qui pouvait permettre de vivre en temps de siége : cheminée, four, puits, moulin à bras, suivant la tradition, paraît n’avoir jamais eu d’autre décoration qu’un enduit avec joints de pierre figurés par des filets rouges dont on retrouve quelques traces[1].

L’escalier (D), pris dans l’épaisseur du mur, et faiblement éclairé par deux meurtrières, ne mesure pas moins de 1 m. 24 de large. Il conduit, par quarante-et-un degrés, à un petit pallier dans lequel un trou carré sert d’orifice à un conduit acoustique qui permet de communiquer avec l’étage inférieur (fig. 2 et 4, M). La salle qui ouvre sur ce pallier (N), est à peu près semblable à celle d’en bas. Elle est, toutefois, plus régulière et son diamètre atteint 7 mètres. On n’y voit qu’une embrasure ogivale terminée par une fenêtre rectangulaire qui éclaire d’une manière un peu incomplète cette pièce à l’aspect austère (O). La voûte est également portée par six nervures, mais n’a pas la hauteur de la voûte inférieure et ne mesure que 6 m. 55 du sol à la clef. Cette clef porte un ornement central et des feuillages décorent les pendentifs des nervures. L’un d’eux figure un homme accroupi et grotesque. Des feuilles trilobées sont sculptées sur les corbeaux des portes. Cette salle était la chambre du commandant. Une ouverture qui a été murée correspond à la cheminée dont le corps passe dans l’épaisseur du mur (P).

Dans l’embrasure de la fenêtre se trouve la porte de l’escalier ou vis (Q), qui monte à l’étage supérieur et au bas duquel s’ouvre un couloir aboutissant par quelques degrés aux latrines et à un réduit largement éclairé par une grande porte (R). Cette porte, qui n’est pas très-loin du niveau des ouvrages de défense, servait probablement pour amener au haut du donjon des engins qu’il eût été difficile d’engager dans la vis étroite du dernier étage. Quoi qu’il en soit, à moins qu’un autre escalier, dont l’existence n’est nullement probable, ait échappé jusqu’ici à toutes nos investigations, le service de la plate-forme ne pouvait se faire qu’en passant par la chambre du commandant. C’est du reste une mesure de

  1. Cette salle était naguère encore défigurée et coupée en deux, dans le sens de sa hauteur, par un faux plancher en charpente solidement appuyé sur un arrachement circulaire pratiqué dans les parois. Une porte, ouverte dans l’escalier, y donnait accès, et des latrines existaient aussi à cet étage. Ce faux plancher, que nous avons fait disparaître en 1864, avait une date relativement récente. Il existait, d’après des titres, en 1710, lors de l’aménagement de la tour comme prison sous les ducs d’Orléans, et avait été créé sans doute pour augmenter la surface habitable du donjon, peut-être à l’époque des derniers siéges.