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LE CHÂTEAU.

des sels destinés pour l’aprovisionnement de Dourdan, à la condition de jouir des loyers dudit grenier et de pouvoir être remboursé de 3,000 livres pour les sommes avancées par lui[1]. » Nous avons vu en effet qu’à cette époque un grenier à sel fut créé à Dourdan et installé au château, à droite, sur la place, dans l’aile de la grange, dont la vieille et épaisse muraille extérieure subsiste seule percée d’une unique fenêtre.

Vers la même époque (mai 1742), le pont-levis, dont l’entretien était trop coûteux, fut remplacé par un pont de pierre à une seule arche en plein cintre, sur les fossés, garni de parapets et terminé par deux enfoncements ou quarts de rond, servant de retraite aux piétons lors du passage des voitures, sur l’emplacement des deux guérites autrefois accolées aux tours de l’entrée pour la défense du pont-levis. Ce pont de pierre fut en grande partie édifié avec les matériaux de la tour d’angle, en face du portail de l’église, qui fut alors baissée de plus de dix pieds.

Le château perdait sa solitude et s’ouvrait à la foule comme le lieu des services publics. L’auditoire royal, commun à toutes les juridictions, s’installait alors, on le sait, dans les salles du rez-de-chaussée du bâtiment de Sancy, et les audiences, les ventes, les séances de toutes sortes attiraient chaque jour les juges, les plaideurs, les administrés ou les curieux[2]. Les dernières grandes assemblées qui se tinrent là au nom du roi, furent les réunions des trois ordres du bailliage séparément enfermés pour élaborer leurs élections et leurs cahiers, à la veille des États-Généraux de 1789[3].

Un peu plus tard, le château, devenu propriété nationale, était converti

  1. Archives de l’Empire. O. 20250. — C’est alors que disparut le corps de logis donnant sur la rue de Chartres, dont le puits seul fut conservé.
  2. Voici quelle était, en l’année 1787, la disposition du bâtiment de Sancy, d’après un état des réparations à faire par P. Daubroche, maître maçon à Dourdan, sur l’ordre de M. Aubereau, inspecteur général des domaines de S. A. R. :

    Au rez-de-chaussée, une antichambre, la grande salle de l’auditoire, la chambre du conseil, la petite chambre des archives, une chambre de domestique, deux « étrises » noires et une cave. Au bout, à droite, les écuries et remises, avec les cuisines au-dessus, le tout formant appentis sur une basse-cour.

    Un grand escalier, où s’ouvrait, à l’entresol, la porte des cuisines, conduisait à un grand palier qui donnait accès dans un vestibule, ou directement dans une salle à manger. À la suite de cette salle à manger et ayant, comme elle, vue au midi, sur la campagne, se succédaient le salon circulaire de la tour centrale, qui avait usurpé le nom de donjon, puis une grande chambre à coucher, et au bout une salle des gardes ouvrant sur la terrasse par une porte vitrée.

    Sorti sur la terrasse, on rentrait dans une suite de cabinets et de chambres éclairés sur la cour, qui desservaient les pièces principales et se reliaient par le vestibule au palier. L’escalier se continuait et conduisait à un second étage égal au premier en superficie, et de grands greniers recouvraient le tout.

    Le dessus du portail de l’entrée, avec ses deux tours, fournissait encore cinq chambres au premier étage. — Archives de l’Empire. O. 20436.

  3. Voir le chapitre : Dourdan en 1789.