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CHAPITRE XIX.

consolé et assisté le vieillard dans sa maladie, fut la confidente de ses généreuses intentions pour les pauvres. Par acte du 13 juin 1693, M. de Passart donna à l’Hôtel-Dieu le sixième de la valeur de sa charge de contrôleur des décimes de l’archevêché de Bordeaux, deux lots de terre à Ognes et à Roissy et sa terre de la Ville-Neuve[1].

Ce ne fut pas tout : pensant ne pouvoir bien mourir qu’à l’hospice de Dourdan, il s’y fit préparer une chambre et transporter au milieu des pauvres malades qu’il protégeait. Là, durant les dernières années de sa vie, il se plut à étudier tous les besoins de l’établissement. Des maisons enclavées dans les bâtiments de droite en gênaient le développement, il les acheta et les réunit à l’Hôtel-Dieu. Une foule d’objets manquaient pour le service, il les procura de ses deniers. Enfin, par acte du 7 mars 1696, il créa dix nouveaux lits pour les malades[2]. Ces bienfaits donnaient assurément quelque droit à M. de Passart de dicter des conditions et de s’inquiéter de l’administration de l’Hôtel-Dieu ; il le fit avec une grande modestie et une grande sagesse, sous forme de vœu, dans le testament qu’il déposa entre les mains de Dom François Thomas, le prieur de Louye. Le 28 août 1696, ce riche et bienfaisant seigneur s’éteignit sous le toit des pauvres et fut inhumé dans la chapelle[3].

Les instructions de M. de Passart servirent de point de départ aux réformes administratives de l’Hôtel-Dieu. Le plus grand abus était l’existence d’une sœur bénéficiaire qui absorbait sans fruit une partie des revenus. Un concordat, conclu, sous l’influence de M. de Lamoignon, entre Monseigneur de la Tour d’Auvergne, cardinal de Bouillon, grand aumônier de France, et Monseigneur Paul de Godet des Marais, évêque de Chartres, supprima à toujours le titre d’administratrice dont se démit, le 18 août 1698, sœur Michelle Duchange, alors titulaire[4].

Les biens et revenus, définitivement joints et incorporés à l’ Hôtel-Dieu, furent dès lors régis par sept administrateurs, savoir : les deux curés, le lieutenant-général du bailliage et le procureur du roi, de droit ; plus trois bourgeois de la ville, dont un économe, élus par les habitants tous les

    avez un trésor dans cette bonne fille, disait M. de Passart aux administrateurs, qui venaient le remercier de sa riche dotation ; c’est à elle que vous devez tout ce que j’ai fait. »

  1. Un retrait, prévu par son testament, fut malheureusement exercé à l’égard de cette dernière terre, moyennant une rente de 800 livres. Il n’en faut pas moins reconnaître que la valeur des dons de M. de Passart, à cette époque, s’élevait à plus de 40,000 livres.
  2. À la charge de recevoir et soigner, outre les malades curables de Dourdan, ceux des paroisses de Saint-Escobille, des Granges et de Sainte-Mesme.
  3. Une pierre élevée en son honneur par les administrateurs se voit encore dans la chapelle d’aujourd’hui.
  4. Confirmé le 30 août 1699, à Saint-Cloud, par le duc d’Orléans, comte de Dourdan, ce concordat fut approuvé en 1700 par le roi, suivant lettres patentes enregistrées au parlement le 31 juillet.