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L’HÔTEL-DIEU

qui offre à son tour une châsse contenant des reliques de sainte Victoire, saint Prosper, sainte Émérite et Émérentienne, saint Denis et Constant martyrs. La Grande-Duchesse, par des démarches fort habiles auprès du roi et de Monsieur, obtient pour Dourdan une foire franche annuelle, en septembre, connue sous le nom de Saint-Félicien[1]. Les lettres patentes en sont soigneusement enfermées dans la châsse.

On comprendra sans peine, après tout ce que l’on vient de lire, le dévouement des habitants de Dourdan pour la puissante protectrice de leur Hôtel-Dieu. Assemblés le 17 avril 1695, ils veulent lui en offrir un témoignage public. Cherchant à lui être agréables, ils s’engagent à l’entretien perpétuel de six orphelines, et expriment leur gratitude dans un acte de délibération qu’on trouvera à la fin de ce livre[2].

Vers le même temps, un nom vint s’ajouter, dans la reconnaissance des Dourdanais, au nom de la Grande-Duchesse, ce fut celui du chevalier Alexandre de Passart, seigneur de la Margaillerie, Saint-Escobille, Paponville et autres lieux, lieutenant de la grande vénerie du roi. Ce noble et riche vieillard, qui possédait de belles terres, plusieurs maisons à Paris, une remarquable collection de tableaux, et n’avait pour héritière que sa nièce la marquise de Lambert, et son neveu le maître des comptes, habitait fort souffrant dans sa terre de la Ville-Neuve, paroisse des Granges-le-Roi. La Grande-Duchesse, qui le connaissait, engagea les administrateurs de l’Hôtel-Dieu à ne pas négliger l’occasion de se concilier ses bonnes grâces. La digne supérieure Marie Boulard[3], ayant singulièrement

    Saint-Félicien. Enrichie d’indulgences par bref de Clément XI du 22 septembre 1702, approuvée par l’évêque le 13 septembre 1706, cette confrérie, tout à la fois de dévotion et d’assistance mutuelle, avait pour premier directeur le prieur de Saint-Germain ; pour deuxième directeur le chapelain, avec un sacristain et un trésorier. Sa principale fête était le troisième dimanche de septembre. Tous les confrères et sœurs payaient, au jour de leur réception, 5 sols, et tous les ans 2 sols 6 den., à l’exception des pauvres. Les recettes étaient employées en offices, ornements, et le reste à l’hospice, « sans qu’on puisse rien employer en repas ou collations, sous quelque prétexte que ce soit, même au jour de la reddition des comptes. » — Cette confrérie a disparu. Les reliques de saint Félicien, déposées en 1730 au-dessus d’un autel dédié au saint et derrière un tableau représentant son martyre, sont encore aujourd’hui l’objet d’un culte spécial. La fête, l’octave, l’exposition subsistent toujours, ainsi que la foire annuelle.

  1. Voir le chapitre Industrie et commerce.
  2. Pièce justificative XXIII.
  3. Sœur Marie Boulard, qui avait remplacé sœur Catherine Chevreau, et qui mourut à quatre-vingts ans (22 mars 1717), supérieure de l’hospice de Dourdan, n’a pas cessé d’être en vénération dans la famille de saint Vincent de Paul. Son éloge, fait publiquement l’année de sa mort dans une conférence de M. Mourguet, directeur des sœurs de la Charité, est encore une des lectures édifiantes de la communauté. Chargée d’abord d’une difficile mission en Pologne, de Versailles elle vint à Dourdan. Ses vertus furent révélées après sa mort par ses sœurs. Son influence dans l’organisation de l’Hôtel-Dieu et auprès des grands personnages qui s’en occupaient, fut immense. « Vous