Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
CHAPITRE XIX.

minuent de plus d’un cinquième les revenus des propriétaires des maisons (ce point de fait peut être prouvé année commune). Les charges extraordinaires, non-valeurs, etc., découragent le plus grand nombre. La continuation des dons gratuits, huit sols pour livre sur les droits d’entrée et autres qui y sont assujétis leur laissent à peine le nécessaire pour subvenir à leurs besoins les plus privilégiés et ceux de leur famille. Ces charges multipliées et aggravantes ne leur permettent plus de suivre les impressions de la charité qui les anime, et le menu peuple affligé de maladies ne peut plus subsister sans les secours du gouvernement. J’attends vos ordres pour les leur faire procurer, et cette vertu d’humanité qui vous caractérise est le seul espoir qui leur reste dans l’état actuel des choses[1]. »

À cette déchirante supplique, l’intendant répliquait, cinq jours après, par un message de deux lignes, où il autorisait la distribution de secours et de remèdes aux malades, en recommandant « l’économie, » et communiquait, pour toute réponse de l’autorité supérieure, un ordre du contrôleur général aux habitants de Dourdan, d’avoir à solder la somme de 4,195 livres, reliquat sur leurs anciens dons gratuits. Ce qui était triste, ce n’était pas de voir le pays manquer du secours de l’État, mais c’était de songer qu’on avait tout fait pour le mettre dans la nécessité et l’habitude d’y compter.

Nous ne quitterons pas l’Hôtel-Dieu de Dourdan sans dire un mot de ses destinées actuelles[2]. La révolution ne sut pas l’épargner. La chapelle, qui avait déjà servi de salle d’assemblée le 16 mars 1789, pour la séance générale des trois ordres du bailliage, à la veille des États, fut convertie, l’an II de la république, en lieu ordinaire des séances de la « Société populaire de Dourdan. » La tribune qui communiquait avec la salle des malades fut murée. Le nom de « Maison d’humanité » remplaça, au-dessus de la porte d’entrée, le titre d’Hôtel-Dieu, et, par une mesure de haute convenance, la maison du chapelain, d’où avaient été expulsés tour à tour le digne abbé Charpentier et son remplaçant assermenté, servit de logement aux filles du district qui venaient faire leurs couches et à la sage-femme qui les gardait.

Le patrimoine de la maison, fruit des bienfaits de plusieurs siècles, ne fut pas respecté : 2,358 francs de rente sur le grand-livre, déjà réduits à 786 fr. comme tiers-consolidé, 814 francs de rentes et de redevances sur des princes, des seigneurs ou des particuliers émigrés ou condamnés, furent confisqués et anéantis ; des rentes sur l’Hôtel de Ville de Paris, des actions de la compagnie des Indes furent supprimées et perdues ; 34 arpents 90 perches de terre, rapportant 814 francs en 1790, furent sé-

  1. Correspondance avec l’intendance. — Fonds Roger.
  2. Nous ne saurions mieux faire que de renvoyer le lecteur, pour les détails de la période moderne de l’hospice de Dourdan, à l’intéressante notice publiée en 1854 par M. Boivin, alors membre, aujourd’hui président du conseil d’administration.