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LA MAISON DE LA COMMUNAUTÉ.

posséder et d’acquérir, amortissement général, protection et sauvegarde.

D’après le règlement rédigé par madame Servin, il y avait dans la nouvelle maison deux classes bien distinctes qui subsistent encore : l’une pour les pensionnaires que la réputation de l’établissement avait attirées de fort loin et en grand nombre ; l’autre, non moins bien tenue, pour l’instruction gratuite de toutes les petites filles pauvres de la ville, auxquelles des maîtresses choisies apprenaient, comme aux pensionnaires, à lire, écrire, calculer, prier Dieu et travailler. Ce travail consistait à coudre, filer, broder, faire de la dentelle et surtout des bas, des gants, des mitaines et des bourses à l’aiguille, en laine, fil, coton ou soie[1].

La charitable supérieure consacra toute sa fortune et les dernières années de sa vie à étendre, à doter largement la maison de la rue d’Authon. Elle y fit faire une chapelle sous l’invocation de saint Joseph. Par contrats de 1697, 1701, 1702, 1709, elle acheta, par petits lots, de plusieurs particuliers, des terrains qui agrandissaient son jardin et le prolongeaient jusqu’au delà des remparts de la ville, au lieu dit la Teste aux Maures. Monsieur André Le Camus étant venu à mourir, elle acquit de ses héritiers (14 juin 1719) une petite ferme et un grand clos au faubourg du Puits-des-Champs, avec une foule de parcelles de terre aux champtiers du Madre, d’Oiselet, de Châtillon, de Normont, de Louye, etc.[2], dont le revenu assurait l’entretien et l’indépendance de la fondation. Par consentement des habitants du 12 juillet 1706 et lettres patentes du 19 juin 1707, elle avait obtenu la suppression et la clôture de la rue ou chemin d’Authon qui coupait en deux le terrain de la communauté. Non contente d’avoir donné à son ordre, par contrat du 8 septembre 1696 devant Claude Michau, la grande maison de la rue d’Authon, elle fit, par acte de donation entre-vifs (8 janvier 1706), abandon de tous ses biens à ses compagnes[3], réservant seulement une pension viagère de 50 livres pour son fils François Servin, religieux du prieuré de Louye, qui, non loin de sa mère, s’était consacré à Dieu.

    tionnelle, fait droit à ce dernier vœu, mais enregistre purement et simplement pour le reste les lettres du roi.

  1. Quant aux sœurs, leur vœu était simple et annuel. La supérieure était nommée à l’élection tous les trois ans, et ne pouvait être réélue plus de deux fois. Un supérieur ecclésiastique, choisi par l’évêque, administrait le temporel. La règle était, d’ailleurs, celle de saint Augustin.
  2. Déclaration censuelle faite le 18 juillet 1781 au comté de Dourdan par Marie-Angélique Gaudry, sœur de la Passion, supérieure ; Catherine Chantaloue, assistante ; sœur Sainte-Claire, dépositaire ; Marie-Anne Boivin, sœur Sainte-Rosalie, économe ; par-devant Me Héroux, notaire à Dourdan. — Conservée aujourd’hui en l’étude de Me Ortiguier.
  3. Aux sœurs primitives étaient venues s’adjoindre de nouvelles recrues dont les noms sont connus dans le pays : Anne Racineau, Louise Ravineau, Marie-Thérèse Pavart, Marie-Louise Yvon, Françoise Bajou, etc.
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