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CHAPITRE XXI.

vrait près de la porte Saint-Pierre, une fausse façade à l’italienne avec grande porte et murs de briques donnait accès dans la basse-cour et dans les bâtiments élevés sur l’emplacement de dix maisons de la rue des Bordes, pour servir d’orangerie, de ménagerie, etc. À la suite, sur le chemin de Roinville, un taillis clos de treillages était peuplé de daims et de chevreuils. Au midi, séparé par la rue Grousteau, un vaste terrain, circonscrit par des canaux, servait d’annexe au parterre comme fleuriste et comme potager.

Cette belle résidence, où l’on reconnaît tout d’abord les goûts et la mode du temps, fut, à la mort de M. Lévy[1], vendue par sentence de licitation du Châtelet de Paris (3 décembre 1738) et acquise des héritiers par Mme  Madeleine-Angélique de la Brousse, femme de M. Thibault de la Brousse, comte de Verteillac. M. de Verteillac, né en 1684, gouverneur et grand sénéchal du Périgord, pourvu du gouvernement de la ville et château de Dourdan, avait épousé en 1727 sa cousine germaine. Mme  de Verteillac, plus jeune que son mari de trois ans, était une femme d’un esprit charmant. Un grand nombre de gens de lettres recherchaient sa société[2].

Une compagnie intelligente et distinguée se donna souvent rendez-vous au château du Parterre, devenu château de la Brousse, et de belles fêtes y furent offertes. Le 27 septembre 1744, jour du Te Deum à Dourdan pour le rétablissement de la santé du roi Louis XV, des illuminations, un grand souper et un bal de nuit réunirent au Parterre l’élite de la ville et des environs. Mme  de Verteillac mourut à Dourdan le 21 octobre 1751, et, dans le Mercure de janvier 1752, une lettre de Lévesque de Burigny, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, lui rendit un dernier et touchant hommage[3].

Le comte de Verteillac survécut à sa femme jusqu’en 1778 et mourut à Dourdan au mois de juillet.

Leur fils, César-Pierre de la Brousse, marquis de Verteillac, né en 1729, succéda à son père dans ses charges de Dourdan, comme dans celles du Périgord ; il avait passé par les divers grades de l’armée et était devenu maréchal des camps et armées du roi. En 1772, il avait acheté, avec son père, la terre de Sainte-Mesme de Gallucey de l’Hospital. Sa fille, mariée au prince de Broglie de Rével, le dernier des grands baillis d’épée de Dourdan, rappelait, par l’esprit et le bon sens, la comtesse sa grand’mère, et c’est dans son salon et sous son influence qu’eurent lieu,

  1. M. Lévy fut enterré dans l’église Saint-Pierre.
  2. Mademoiselle L’Héritier lui avait dédié, en 1718, son ouvrage des Caprices du destin, et en 1732 sa traduction en vers des Épîtres héroïques d’Ovide.
  3. Mme  de Verteillac écrivait avec autant de solidité que d’agrément, mais on n’a conservé de ses opuscules qu’une lettre « sur les beautés et les défauts du style, » adressée à Rémond de Saint-Mard, dans les œuvres duquel elle a été insérée en tête du tome III de l’édition de 1750.