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LE CHÂTEAU DE REGNARD À GRILLON, ETC.

aux dernières heures de l’ancien régime, les conférences de plusieurs des représentants de la noblesse de Dourdan.

Le Parterre, bien qu’habité, s’ouvrait souvent aux Dourdanais à l’occasion de fêtes publiques, et toute la population s’y pressait. Nos grand’mères se souvenaient encore de s’y être promenées le soir, au milieu d’une foule nombreuse, et d’avoir vu la femme du lieutenant général au bailliage passer et repasser dans la grande allée, la queue de sa robe portée par des laquais. Les jardins étaient alors admirablement entretenus, à en juger par le dessin du marquis d’Argenson dont nous avons parlé[1]. L’aile du Parterre faisant face au midi avait été prolongée en 1768, sur l’emplacement d’une des tourelles de la porte Saint-Pierre, et les grands potagers qui s’étendaient de l’autre côté de la rue Grouteau avaient reçu et portaient naguère encore le nom de jardins de la Brousse.

Par suite de l’émigration du marquis de Verteillac, ses biens furent séquestrés en 1791 Le Parterre fut livré au public, les bâtiments furent convertis en caserne pour loger les réquisitionnaires, et, au milieu de l’aristocratique jardin, s’éleva pendant quelques années une éminence en terre et gazon servant aux fêtes de l’Être suprême et aux cérémonies patriotiques. Peu d’années après, le fils du marquis de Verteillac, qui n’avait pas quitté la France, rentrait en possession du Parterre, et le vieux marquis y mourait en 1805.

Francois-Gabriel-Thibault de Verteillac par contrat dressé devant Me  Ganzère, le 27 janvier 1809, céda à la ville la propriété du Parterre moyennant 41,300 francs. La somme fut divisée en 45 actions, acquises par divers particuliers, et une société, dite du Parterre, fut chargée de gérer l’immeuble. La mairie et les services publics y furent installés, mais l’ancien propriétaire se réserva la jouissance d’une partie de l’habitation, et nous verrons M. de Verteillac, maire de Dourdan pendant les difficiles années de l’invasion étrangère, mériter la reconnaissance des Dourdanais par son énergique attitude[2].

Le Parterre était devenu le rendez-vous favori des habitants : sous l’Empire et la Restauration, il fut en grande vogue. Les jours de fête à la foire Saint-Félicien, pendant les beaux dimanches de l’été, des danses en plein air s’organisaient sous les grands ombrages, et la bourgeoisie ne dédaignait pas d’en prendre sa part. Quand la garde nationale fonctionna avec un entrain dont on se souvient encore, c’est au Parterre qu’eurent lieu les parades et les exercices, et le centre du jardin nivelé et ga-

  1. Conservé à la bibliothèque de l’Arsenal.
  2. Une heureuse circonstance a permis, l’an dernier, à la population de Dourdan, de fêter Mme  la duchesse de La Rochefoucauld-Doudeauville, fille du marquis de Verteillac, le maire de Dourdan. Elle a bien voulu couronner la rosière. Accompagnée de son excellent frère, M. le marquis de Verteillac, elle a reçu dans le Parterre qui fut son berceau l’accueil le plus sympathique et le plus empressé.