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CHAPITRE XXIII

LE MARCHÉ AUX GRAINS


Du jour où un centre de population se forma à la place qu’occupe Dourdan, c’est-à-dire au seuil d’un immense territoire spécialement préparé par la nature pour la culture des céréales, à proximité de la capitale, et comme sur les confins de la production et de la consommation, cette ville dut être évidemment un des rendez-vous des laboureurs, un des entrepôts de leurs produits. La première vallée qui se creusait au-dessous de la vaste plaine était un silo tout ouvert aux flots de grains qui s’amassaient sur les plateaux. De là, le moindre chemin le long du moindre cours d’eau les conduisait de vallée en vallée jusqu’à Paris, la grande ville toujours affamée. C’est ce qui devait arriver pour la vallée de l’Orge, et pour Dourdan qui la commande, assis sur le mince ruisseau dont le nom est emprunté au grain même qu’on lui fait moudre.

Ce rôle de magasin à blé et de grenier d’abondance que Dourdan partageait avec Étampes et Chartres revient souvent, comme on a pu le voir, dans la suite de cette histoire. C’est le secret de l’importance qui s’attache à Dourdan à presque toutes les époques, c’est aussi celui de presque tous ses malheurs. Chaque fois que des factions rivales se disputèrent la possession de la capitale ou de ses abords, leur premier intérêt, comme leur premier soin, fut d’assurer ou d’enlever à Paris le pain qui le faisait vivre, aux troupes en campagne la ration qui leur permettait