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CHAPITRE XXIV.

La communauté des marchands cordonniers-savetiers avait adopté et fait homologuer au bailliage de Dourdan, le 4 octobre 1598, les statuts en usage à Chartres pour le métier des Sueurs (sutores), datant de 1484, et révisés en 1507[1]. Elle conservait une « représentation » de saint Crespin et saint Crespinien, qui servait le jour du service annuel dont la dépense montait à environ 24 livres. Le jour de leur réception, les fils de maîtres devaient 6 livres pour les deux jurés, une livre de cire, un repas de 24 livres, la prestation de serment avec ses honoraires, etc. Les étrangers jouissaient des mêmes prérogatives, s’ils épousaient une fille de maître et avaient travaillé dans la communauté. Sinon, les lettres de maîtrise s’achetaient 120 livres en 1767. Tous les trois mois, un droit de visite de 2 sols 6 deniers se percevait sur chaque maître au profit des jurés. Sous Louis XIII, il y avait dans la halle « 8 estaux servant au mestier de cordonnier, commençant près la montée de l’Auditoire. » Cent ans après, il y avait 10 maîtres réduits à la fourniture de la ville, car il existait des concurrents dans les environs. Cinq d’entre eux avaient deux ou trois garçons et gagnaient bien leur vie ; les cinq autres étaient souvent obligés de travailler pour leurs confrères. Une bonne aubaine, que ne négligeaient pas les cordonniers de Dourdan, était le passage des troupes ou des prisonniers de guerre à Saint-Arnoult. C’était souvent une occasion de débiter plusieurs centaines de paires de souliers.

Les Maréchaux-ferrants suivaient les statuts d’Étampes et les avaient fait reconnaître le 1er août 1665. On ne faisait pas grands frais dans la communauté, et, bien qu’elle eût payé des armoiries[2], elle se contentait d’une messe basse le jour de la Saint-Éloi. La réception ne coûtait pas cher, et celui qui reprenait le fond était dispensé de lettres de maîtrise moyennant une cinquantaine de livres que se partageaient les confrères. Les brevets d’apprentissage valaient 200 livres et se faisaient pour trois ans. Le métier n’était pas excellent à Dourdan ; aucune grande route ne traversait la ville ; on y voyait fort peu de chevaux, et le marché du samedi devait défrayer en grande partie les quatre ou cinq maîtres de la corporation. L’administration proposait de leur adjoindre les serruriers-taillandiers, avec l’horloger.

Les Chirurgiens et Barbiers n’étaient pas en jurande, mais se gouvernaient « par les statuts généraux de la Chirurgie et Barberie du Royaume. » Les deux professions étaient dans le principe exercées simultanément, mais « l’art » s’était séparé du « mestier » et les chirurgiens de Dourdan étaient devenus très-fiers[3]. Taxés à 88 livres, en exécution de l’arrêt de février 1745, ils n’avaient rien payé, se prétendant exempts. On citait à Dourdan, sous Louis XIII, Claude Mayol, docteur

  1. Ordonnances des rois de France. XIX, 332.
  2. Tiercé en bande de vair, sinople et hermine.
  3. Leurs armes étaient : Tiercé en bande de vair, sinople et sable.