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DOURDAN EN 1789.

« Lally-Tollendal. » Cette fois, le tiers remercie d’un air de mauvaise humeur, et, à cette offre démocratique du seigneur de Dourdan, bientôt Philippe-Égalité, il répond verbalement et avec un certain dédain qu’il est bien obligé mais trop occupé en ce moment de ses affaires pour rien entendre. En effet le vote commence. On s’assure que les portes sont bien fermées ; quarante-trois votants déposent l’un après l’autre leur bulletin dans un vase sur le bureau. Au troisième tour de scrutin, Lebrun est proclamé premier député du tiers à l’assemblée des États. Plusieurs membres quittent la salle et vont lui annoncer son élection. Il entre bientôt et notifie son acceptation. Mêmes formalités pour M. Buffy, nommé second député.

Nouvel incident : Lally-Tollendal, un peu froissé et désireux de rappeler son nom au tiers dont il accepterait volontiers, dit-on, les suffrages, fait remettre un paquet cacheté. Il demande, pour sa décharge, acte de la déclaration qu’il fait, au nom du duc d’Orléans, que « le prince ne veut pas que ses droits portent aucun obstacle aux demandes du tiers-état, à ses réclamations contre le droit de chasse, etc. » Le tiers donne acte. Le cahier, rédigé avec soin et conçu avec une modération et une clarté qui furent depuis remarquées, est distribué dans l’assemblée et plus tard imprimé avec les autres.

Le vendredi 27 mars, le clergé, sous la présidence de MM. Métivet, curé de Roinville, et Gagé curé de Sainte-Mesme avait tenu son assemblée particulière et élu à la majorité de 18 voix contre 15, M. l’abbé Millet, curé de Saint-Pierre, pour son député aux États. Le cahier de l’ordre s’étendait sur les réformes religieuses, s’élevait contre les mauvais livres de philosophie et de morale alors en vogue et les lacunes de l’éducation, recommandait spécialement les intérêts de la communauté des sœurs de Dourdan, et, émettant quelques sages avis sur la constitution du royaume, l’administration ecclésiastique et civile, signifiait l’intention libérale du clergé de se soumettre à l’impôt comme le tiers.

Le dimanche 29, à la même heure que le tiers, la noblesse avait élu pour député M. de Gauville, baron de la Forêt-le-Roy, et pour suppléant M. le prince de Broglie de Rével. Le cahier de l’ordre avait été arrêté et rédigé en commun par M. de Gauville au caractère modéré et conciliant, par M. de Rével, jeune homme d’un esprit vif, tempéré par la douce persuasion de sa charmante femme, Mlle de Verteillac, et par le marquis d’Apchon, homme vertueux et scrupuleux. Soumis à l’assemblée, il fut malheureusement modifié sur quelques points, et Lally-Tollendal chercha trop à remplacer, au gré de certaines personnes, « le gros bon sens par des phrases éloquentes. »

Les membres présents signèrent : marquis de Saint-Germain d’Apchon, Pécou marquis de Cherville, comte de Tilly, baron de Gauville, Liénard du Colombier, Desroys du Roure, Pajot de Juvisy, secrétaire


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