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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

d’ardoise, les ponts-levis de l’entrée[1] rappelaient un autre âge et l’habitation féodale et sévère d’une importante famille qui, pendant plus de deux siècles, joua un des premiers rôles dans la contrée, la famille Hurault[2]. Fils de Jacques, trésorier des guerres, vieux Breton très en faveur auprès des rois Louis XI et Louis XII, Jean Hurault était, sous François Ier, seigneur de Vueil et du Marais ; ses sœurs avaient épousé les seigneurs de Rochefort et de Limours ; son neveu était ce fameux chancelier et gouverneur Hurault de Cheverny, qui recherchait tant la faveur des rois et des belles dames ; son petit-fils, tué sous la Ligue, laissait une jeune veuve qui devait épouser Sully et lui faire acheter Dourdan, et sa petite fille Jacqueline devenait la femme d’Anne de l’Hospital Sainte-Mesme, le bailli et gouverneur de Dourdan. Intrigues politiques, cours galantes, visites, noces et fêtes princières, on peut deviner ce que dut voir le Marais sous Henri IV, sous Louis XIII, sous la Fronde. Quand la grande demoiselle de Montpensier venait, tout près de là, prendre « ses eaux de Forges, » elle ne manquait pas de descendre au Marais et de le consigner dans ses Mémoires : « J’allai coucher au

  1. « Hôtel seigneurial du Marais consistant en un gros corps de logis flanqué de deux pavillons ; une grande cour, dans laquelle on entre par un pont-levis, à l’entrée de laquelle sont deux gros pavillons isolés, dans l’un desquels est la chapelle, le tout bâti en graisserie piquée, et couvert d’ardoises, entouré de fossés à fond de cuve remplis d’eau vive avec murs et parapets ; — la basse-cour à côté, séparée de la grande cour par les fossés qui entourent le château, mais communiquant à la cour haute par un pont de grès de quatre arches fermé d’une grille de fer, — colombier, etc. ; grand portail avec deux ponts-levis qui se lèvent tous les soirs.

    Derrière le château, fossé avec pont-levis menant au parterre, lequel est clos au midi et au septentrion par un canal revêtu de murailles. — Au bout du parterre, pièce d’eau carrée communiquant audit canal.

    À droite et au midi du parterre, parc planté en taillis avec plusieurs allées sablées pour la promenade, avec plusieurs grilles de fer et sauts de loup. — Au-dessus du parc, jardin fruitier ; — à l’occident, potager ; le tout contenant 30 arpens.

    En face le château, grande pièce d’eau, revêtue de murs tout à l’entour, de 275 toises de long, 34 toises de large par le bas et 26 par le haut, bordée de deux allées de charmille. » — Archives du Marais. Terrier de 1718.

  2. On jugera de l’étendue de la censive du Marais par la simple énumération des fiefs qui en relevaient : fiefs du Marais et Val-Saint-Germain, comprenant toute la paroisse dudit lieu ; de la cave de Montlhéry et de la Laurière ; Bouville, Sainte-Catherine ; Roinville avec les fiefs de la Bruyère, Cristal, Poignant, Flamant, Malassis, Nilvoisin, Orgesin, Richeville, Châteaupers, Beauvais ; les Loges, Levainpont, la Chambre-mal-garnie, sis en la paroisse de Saint-Cyr ; Berchevilliers, le Buisson, Ardenelle sis en la paroisse de Saint-Maurice ; le Tertre paroisse de Sermaise ; la Fontaine-aux-Cossons paroisse de Vaugrigneuse ; Babylone sis en laparoisse d’Angervilliers ; Grouteau, Grillon, sis à Dourdan ; la Motte-Beauroux ; la Barocherie ou Chambardon ; Gravelle ; Vaugirard ; Rué ; Montauban ; Mauny ; le Pont-Rué ; les Minières. — Terrier du Marais.

    1486. Antoine de Vignay, seigneur du Marais ; — 1518. Philippe Després, etc., etc. — La seigneurie du Marais dépendait de la châstellenie de Rochefort au comté de Montfort, et mouvait de Marcoussis.

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