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APPENDICE II.

denelle, et sur le versant, en face de Bâville que nous laissons sur la gauche :

Saint-Maurice dont le château est démoli. Au xve siècle, Jean de Saint-Germain possédait la seigneurie de Saint-Maurice ; au xvie, c’était la famille de Bastemont ; au xviie et au xviiie celle du président Pecquot. Aujourd’hui un noviciat de religieux s’est installé dans ce paisible séjour.

Une route charmante nous amène sur le territoire du Val-Saint-Germain, et les grands arbres qui s’offrent à nous révèlent tout d’abord une propriété princière : c’est le Marais. Si l’on veut bien jouir du coup-d’œil d’ensemble, il faut tourner autour du parc et entrer par le bas. Une pièce d’eau immense, canal digne de Versailles, reflète la ligne de grands arbres, le rideau de peupliers et les haies taillées qui la bordent. Encadré dans le fond, le château au blanc péristyle, aux ailes symétriques, mire dans l’eau, d’où il paraît sortir, ses colonnes, ses balcons et son profil horizontal, que la renaissance Louis XVI emprunta aux villas italiennes.

Avançons, car outre les magnifiques appartements de l’intérieur, le visiteur a un parc splendide à admirer. Entre le château et le canal, à la place de la route qui naguère encore les séparait, un étincelant tapis de fleurs s’étend devant la cour d’honneur aux fossés remplis d’eau. À gauche, le colombier féodal s’élève à l’entrée d’une avenue d’arbres séculaires. À droite, un immense parterre dominé par les futaies du parc et des gazons sans limites éblouit et charme le regard par les lignes régulières et harmonieuses de mille plantes aux vives couleurs. Lorsque, en août et septembre, toutes ces fleurs s’épanouissent à la fois et embaument le parc, et qu’à travers les nombreuses serres entr’ouvertes les plantes rares des tropiques rivalisent avec elles de vie et de parfum, nous ne savons rien de plus luxueux, de plus gracieux en même temps.

M. le marquis de la Ferté, qui possède ce beau domaine, aime l’horticulture et la pratique en vrai grand seigneur.

Le Marais est une dot transmise par les femmes dans de nobles maisons. Madame la marquise de la Ferté est la fille de M. Molé. L’éminent ministre venait se reposer de ses fatigues d’homme d’État au château du Marais, qu’il tenait de sa femme, mademoiselle de la Briche ; et madame de la Briche, l’aimable châtelaine qui donna, au commencement du siècle, de si belles fêtes au Marais, appartenait à cette famille Le Maître du Marais qui fit démolir l’ancien château et construire à frais immenses l’édifice actuel, par l’architecte Neveu, de Versailles, vers 1770.

Un plan en relief, conservé dans les archives du Marais, nous a fait voir ce qu’était l’ancien château. La disposition était la même : pièces d’eau, canal, douves, grande cour d’honneur, parc ombragé, entouraient un manoir seigneurial, mais les sombres assises de grès, les hauts toits